Trois Turcs sur cinq affirment ne pas avoir confiance en l'Union européenne, selon un sondage publié récemment par le quotidien turc Milliyet. Seuls 17,5% des sondés disent avoir confiance en l'Union, d'après cette enquête, menée du 24 au 29 septembre par l'institut de sondage A & G auprès de 1 834 personnes, qui signale par ailleurs une baisse notable de l'enthousiasme en faveur de l'adhésion turque au cours de l'année passée. Si 67,5% des sondés répondaient positivement en 2004 à la question «la Turquie doit-elle absolument rentrer dans l'UE ?», ils n'étaient plus que 57,4% à le faire en septembre 2005, contre 18,2% se déclarant indifférents au résultat des pourparlers Turquie/UE (+5,7%) et 10,3% se disant opposés à l'intégration (+1,6%). La presse turque a évoqué un sentiment de ras-le-bol croissant au sein de la population face aux hésitations de l'UE quant à l'avenir européen de la Turquie et aux pressions croissantes exercées sur Ankara sur des sujets sensibles comme la reconnaissance de Chypre ou le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens commis sous l'empire ottoman. Quelque 59,8% des personnes interrogées se sont dit opposées à un «statut particulier», une alternative à l'adhésion dont l'Autriche a proposé la mention dans le «cadre de négociation» en cours de discussion. Selon un autre sondage, réalisé par l'institut AC Nielsen auprès de 580 personnes et rendu public vendredi par la chaîne de télévision Kanal D, 70% des Turcs sont favorables au lancement des négociations d'adhésion (28% contre), mais seulement 47% estiment qu'ils débuteront effectivement lundi (49% expriment l'avis opposé). Pour 55% des sondés, la France est la principale responsable des obstacles posés au lancement des négociations, loin devant l'Allemagne et le Royaume-Uni (15%), la Grèce (7%) et l'Autriche (6%).