Résumé de la 3e partie n Ils se sont tiré dessus. Evacué vers l?hôpital puis emprisonné, le fameux couple a engagé le même avocat pour les défendre. En réponse aux questions du juge, les faits présentés prennent une tout autre tournure? «Je ne peux pas le dire. On prétend même que, par la suite, vous vous êtes rencontrés clandestinement. ? Je refuse de répondre.» Le président n'insiste pas et se tourne vers Rosina. «Et vous, qu?elle a été votre réaction en recevant cette lettre ? ? Je le savais ! Je savais que mon Pietro m'aimait toujours ! ? Vous n'avez pas été surprise ? ? Non. C'était une chose normale. ? Et qu'avez-vous fait ensuite ? ? J'ai écrit à Pietro de faire les démarches auprès de l'Administration pour notre mariage. ? Vous avez tout de suite pensé au mariage ? ? Je n'avais jamais cessé d'y penser.» Maître Scarpiani se lève. «En tant qu'un des témoins au mariage, je tiens à vous dire, monsieur le président, qu'il ne m'est jamais arrivé d'assister à une cérémonie plus émouvante. ll y avait une foule énorme et la chapelle de la prison était trop petite pour contenir tout le monde. La cérémonie a eu lieu le 5 juillet dernier. Demain, cela fera tout juste un mois. Leur premier anniversaire de mariage !» Un bravo nourri éclate dans l'assistance, qu'une fois encore le président a le plus grand mal à faire taire. Tout est pratiquement dit. C'est l'heure des plaidoiries et, d'abord, le ministère public... Avant de prononcer quoi que ce soit, le procureur est salué par un grondement sourd, menaçant, comme celui d'un fauve prêt à mordre... Mais l'assistance a tort de s'inquiéter. ll est difficile d'avoir l'air plus gêné, plus mal à l'aise que le malheureux magistrat. Visiblement, il donnerait cher pour être à la place de la défense au lieu d'être à celle de l'accusation. Avec conscience, il énumère toutes les charges pesant contre Rosina et Pietro Verga, mais son manque absolu de conviction semble démentir à tout instant ses propos. «La loi interdit de posséder des armes et plus encore de s'en servir. Est-ce la faute des accusés si l'un ou l'autre n'est pas devenu meurtrier ? La préméditation est évidente ; d'ailleurs, ils ne s'en cachent pas !» Mais l'homme du ministère public conclut, avec beaucoup plus de chaleur cette fois : «ll n'en reste pas moins que vous devez leur accorder des circonstances atténuantes. Les plus larges circonstances atténuantes !...» Peut-être maître Scarpiani a-t-il beaucoup de talent, mais, ce jour-là, il est impossible de s'en rendre compte tant sa tâche est facile. Le plus novice des stagiaires en aurait fait autant. Chaque fois qu'il prononce le mot «amour», un frisson parcourt l'assistance et, quand il conclut en réclamant l'acquittement, c?est un véritable triomphe. Triomphe qui n'est dépassé que par le président lui-même quand il prononce, après une délibération qui n'a duré que quelques minutes : «La Cour déclare Rosina et Pietro Verga innocents et prononce leur acquittement...» Rosina et Pietro Verga, qui s'étaient déclaré leur amour à coups de revolver et mariés en prison, sont repartis sous les acclamations de tout leur village. Et, dans un sens, c'était mérité. lIs avaient prouvé, à leur manière, que l'amour fou existe encore et existera toujours.