Effet n Les propos de ce ministre du gouvernement Villepin ne manqueront pas, certainement, d?alimenter un peu plus le débat sur l?immigration en France. Le ministre français délégué à l'Emploi, Gérard Larcher, a cité la polygamie comme l'une des causes possibles des émeutes qui embrasent les banlieues des villes depuis près de trois semaines sur tout le territoire français, a rapporté, hier mardi, le journal d'affaires britannique Financial Times sur son site Internet. Selon ce ministre, la polygamie dans les familles immigrées est l'une des causes de la discrimination raciale sur le marché du travail visant les minorités ethniques vivant en France. Les familles nombreuses et polygames entraînent parfois des conduites antisociales chez les jeunes qui ne peuvent plus se référer à une figure paternelle chez eux, ce qui rend les employeurs plus prudents lorsqu'il s'agit d'engager du personnel en provenance des minorités ethniques, explique le ministre délégué selon le quotidien. «Puisque une partie de la société affiche ce comportement antisocial, il n'est pas étonnant que certains d'entre eux aient des difficultés à trouver du travail», a déclaré le ministre devant des journalistes étrangers. «Des efforts doivent être faits de part et d'autre. Si des gens ne sont pas aptes à un emploi, ils ne seront pas employés», a-t-il ajouté. Selon le Financial Times, les commentaires de M. Larcher sont susceptibles «d'alimenter un peu plus le débat» sur les causes des violences dans les banlieues et pourraient offenser les musulmans et les organisations antiracistes. La polygamie est officiellement interdite en France ? et punissable de prison ? mais les autorités tolèrent l'existence d'environ 30 000 familles, principalement africaines, dans lesquelles il existe plus d'une épouse. Des milliers de femmes en provenance du Mali, de Mauritanie, du Sénégal et de Gambie ont reçu des visas pour venir vivre en France avec un homme et sa première épouse jusqu'au début des années 1990. L'ancien ministre français de l'Intérieur, Charles Pasqua, avait, à cette époque, tenté de durcir la politique d'immigration pour freiner cet afflux, mais le gouvernement avait été forcé d'assouplir ses règles devant les protestations. Actuellement, des «secondes épouses» qui ont des enfants nés en France ou qui vivent en France depuis plus de 15 ans, sont inexpulsables et ont une garantie de résidence. Cependant, pour les familles polygames arrivées en France avant 1993, le droit de résidence est accordé uniquement si les deux épouses n'habitent pas à la même adresse.