Ce dernier s'en défend en soutenant que les événements sont loin d'être spontanés. Les autorités françaises sont confrontées, ces derniers jours, à un grave problème. Les émeutes déclenchées, il y a plus d'une semaine dans la banlieue parisienne, ont atteint le summum de la violence. Le ministre français de l'Intérieur est accablé. L'opposition socialiste, mais aussi des gens au sein de son propre camp l'accusent d'être le «détonateur» qui a provoqué les violences à cause des propos qu'il a tenus à l'encontre des immigrés issus des quartiers défavorisés. En effet, en déclarant qu'il «faut nettoyer au Karcher la «racaille»», Nicolas Sarkozy semble raviver de plus belle le brasier allumé après la mort par électrocution de deux jeunes immigrés (un Tunisien et un Malien) lorsque ces derniers se sont réfugiés dans un transformateur, de peur d'être appréhendés par la police. L'ancien Premier ministre, Laurent Fabius, deuxième homme fort du Parti socialiste (PS), accuse sans ambages Nicolas Sarkozy d'être à l'origine du pourrissement de la situation. «En employant les termes de «nettoyer au Karcher» et «racaille», à l'encontre des jeunes issus des quartiers défavorisés, Sarkozy a créé un climat terrible», a déclaré Laurent Fabius. D'après lui, les «écarts» de langage du ministre de l'Intérieur ont ajouté de l'huile sur le feu dans une situation qui était déjà «explosive». De son côté, le ministre délégué à l'Egalité des chances, Azouz Begag, reproche à Sarkozy la mauvaise gestion des événements. La tension est montée de plusieurs crans entre le ministre français de l'Intérieur et Azouz Begag, issu lui-même de l'immigration. Pourtant, les deux hommes sont du même gouvernement, et du même camp politique. La polémique a atteint son paroxysme à l'Assemblée nationale française entre le ministre de l'Intérieur, sommé de s'expliquer sur les propos qu'il avait tenus à l'encontre des immigrés, et l'opposition. Les socialistes, d'une seule voix, ont affirmé que les événements sont les conséquences directes des provocations de Sarkozy. Ce dernier s'en défend en soutenant que les événements sont loin d'être spontanés. Mieux, il affirme que les heurts étaient parfaitement organisés et suggère ainsi qu'il y a eu manipulation des jeunes qui sont sortis dans les rues pour saccager et incendier tout sur leur passage. Sarkozy ne donne aucune indication sur les gens qui sont, d'après lui, derrière les violences, mais annonce qu'il est en train de rechercher par qui et comment cela est arrivé. «Nous appliquerons la loi afin que la police soit la bienvenue partout sur le territoire de la République française», promet le ministre de l'Intérieur de l'Hexagone, également président de l'UMP qui se retrouve ainsi dans une situation très «inconfortable», lui qui a des prétentions de se présenter aux prochaines élections présidentielles de 2007. Pour sa part, le Premier ministre Dominique de Villepin a dénoncé ce qu'il avait qualifié, jeudi dernier, «d'actes inacceptables». «Je refuse que des bandes organisées fassent la loi dans les banlieues», s'est-il cabré devant les députés de l'Assemblée française. la France a-t-elle, donc, échoué dans ses différentes politiques d'intégration? Les observateurs et des sociologues français le laissent franchement entendre. Les autorités françaises n'ont jamais vécu des événements d'une telle ampleur sur son propre territoire de la part de la communauté immigrée qui semble excédée par des promesses sans lendemains. Il faut savoir que depuis un quart de siècle, les gouvernements successifs français ont tenté de mettre en pratique des politiques d'intégration pour les Français d'origine immigrée, notamment les Maghrébins qui, d'après des statistiques, vivent à travers 750 zones urbaines «sensibles». Exclus du marché de l'emploi, vivant très souvent du RMI et harcelés par la police pour délit de faciès, des milliers d'immigrés, principalement des jeunes, se sont retrouvés malgré eux dans des «banlieues-ghettos», une sorte de territoire libéré dont les habitants vouent une haine viscérale pour tout ce qui est képi à cause de ce qu'il représente d'injustice sur tous les plans. La violence avec laquelle se sont produits les événements à Seine-Saint-Denis et dans plusieurs autres localités devrait faire réfléchir mûrement les hommes politiques français en recentrant le débat sur l'essentiel, à savoir l'égalité des chances pour tout le monde dans le pays des droits de l'homme, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.