Paradoxe n Arzew est la cité des contradictions. Cette ville, riche par ses raffineries, croule sous le poids de la misère et de la paupérisation. l Il y a quelques semaines, Arzew, qui abrite la plus grande raffinerie du pays, a vécu l?enfer pendant deux jours. Tout a commencé lors d?une journée de ramadan quand des commerçants du quartier populaire le Plateau ont aperçu un bouteur et un service d?ordre. Le but était de démolir les kiosques et autres magasins illicites servant de commerces pour les petites gens de ce quartier. Pourtant, les propriétaires de ces baraques s'étaient rendus auparavant au siège de la daïra pour demander le report ou l?annulation de l?opération. Ces commerçants, exerçant, même à titre illégal, ont investi beaucoup d?argent en marchandises. Ils ne voulaient aucunement perdre leurs moyens de survie. Pour les autorités, les instructions venaient d?en haut, c?est-à-dire de la wilaya d?Oran. Elles étaient fermes et sans équivoque : détruire toute bicoque qui sert de relais au marché informel. La colère de la population dégénéra vite en affrontements avec les forces de l?ordre dépêchées sur les lieux. Des jets de pierres, de projectiles, des pneus brûlés jonchent les rues. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour une émeute saisonnière. Bilan : deux morts, parmi les manifestants, des centaines de blessés et des édifices publics saccagés. On a cependant toutes les raisons de croire que les origines de la colère sont bien plus profondes. Elles sont à chercher dans le chômage endémique et l?absence d?un cadre de vie décent pour les populations défavorisées. Ce n?est pas pour rien que les jeunes en furie ont détruit l?édifice de l?Anem (agence d?emploi) ni un hasard qu'ils aient incendié le siège de l?Opgi. Les cités configurées en 1500 et 774 logements vivent le calvaire de la promiscuité, l?absence d?hygiène, les coupures prolongées d?eau. Bref, des cités-dortoirs où prospèrent les maladies et la violence tandis que les cités de Sonatrach bien huppées témoignent d?une opulence rare. Arzew vit donc à deux vitesses. D?un côté, une position aisée et confortable de la plus grosse raffinerie du pays censée générer des profits pour améliorer le sort de ses habitants. De l?autre, des lots persistants de précarité et d?oisiveté des jeunes qui les poussent à un exil forcé. Chaque année, des centaines de jeunes sont arrêtés pour tentative illégale d?embarquement depuis le port d?Arzew. Ils ne comprennent pas que leur cité, qui représente pourtant le poumon économique de l?Algérie, puisse les exclure et les réduire à l'état de chômeurs ambulants. On apprend tout de même que les doléances des émeutiers ont été acceptées. En somme, il a été procédé à l'installation d?une commission chargée de suivre la situation de l?emploi. Une disponibilité en main-d??uvre sera affichée au siège de l?APC avec en prime l?installation d?une antenne Ansej. Il a fallu donc du sang et du feu pour aboutir à des initiatives qui devaient être opérationnelles depuis longtemps.