Constat n De l?avis de plusieurs professionnels et spécialistes, l?école dans le tiers monde, y compris en Algérie, n?est pas à l?abri de la corruption. Redouane Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d?Alger, a axé son exposé sur la lutte des enseignants contre les réseaux d?intérêts dans l?éducation. Selon lui, une véritable mafia de l?éducation gère nos établissements. «Elle est présente partout, dans les classes, dans la direction, chez les surveillants, chez les élèves, chez les parents d?élèves et même au niveau de l?Office national des publications scolaires (Onps)», a-t-il souligné. Ce dernier explique que ces réseaux veulent maintenir, sans arrêt, leur pression. «Les inscriptions sauvages sont devenues une pratique courante dans nos écoles. Des centaines d?élèves, exclus pour mauvais résultats ou indiscipline, se retrouvent réinscrits dans d?autres établissements au détriment d?autres élèves studieux, pour la simple raison que leurs parents ont le bras long !», a-t-il expliqué. «Deux élèves exclus, l?un se réinscrit puisqu?il est pistonné et l?autre est maintenu exclu parce que son père est Monsieur-tout-le-monde ou parce qu?il ne peut pas faire ça. Vous appelez ça comment ? Pour moi c?est de la pure corruption qui ronge nos écoles», martèle-t-il. L?organisation défectueuse, le vol du matériel scolaire, le manque de transparence dans les commissions paritaires sont aussi des phénomènes de corruption qui touchent les établissements scolaires, d?après M. Osmane. «Les enseignants ne participent pas à la gestion de leurs écoles, à chaque fois ils sont exclus des débats, alors qu?ils sont les premiers concernés par les préoccupations de leurs établissements. Tout se passe à huis clos dans nos écoles», souligne-t-il. Et de soulever le problème de l?impunité et de l?absence de contrôle dans les écoles. «Aucune commission d?enquête n?a été installée par la tutelle à la suite des nombreux scandales qui ont secoué et qui secouent régulièrement les établissements scolaires, c?est la politique de l?impunité qui y règne actuellement», a-t-il dit. Le secrétaire du Conseil des lycées d?Alger a mis en cause les enseignants mal payés dans ces affaires. «Par besoin ou par absence de scrupules, ils intègrent ces réseaux mafieux dans le but de s?enrichir, tout en prenant en otage l?avenir des élèves et l?honneur de leurs collègues et de la profession. Ironie du sort, ce sont ces derniers qui se retrouvent aujourd?hui à la tête des postes clés du ministère de l?Education... Et pour les récompenser, l?inspection de l?Académie d?Alger leur a offert plusieurs appartements», dénonce-t-il. Le problème du livre scolaire a été aussi évoqué par M. Osmane. «Des millions de livres alimentent chaque année le marché noir. C?est l??uvre de la mafia du livre», accuse-t-il. «En 2004, l?Onps a imprimé plus de 20 millions de livres dont le prix a été fixé à 65 DA l?un. Le livre scolaire manquant énormément au niveau des écoles, il fallait donc, pour l?acquérir, recourir au marché noir, mais à quel prix ? A 165 DA, l?unité ! Vous appelez ça comment ? N?est-ce pas une mafia bien organisée et véhiculée par les milliards de dinars que génère le marché du livre en Algérie ?» M. Osmane n?arrive pas à comprendre donc le rôle de la Cour des comptes. «Quelle est sa raison d?être ?» Le SG du CLA a enfin évoqué la question des cours de soutien. «Ce qui est malheureux c?est qu?ils se font au sein même de l?établissement scolaire, n?est-ce pas là, la preuve d?une flagrante corruption ?»