Difficultés n Manque de concentration, de motivation et de conviction de l'utilité des cours dispensés. Mohamed B., professeur de mathématiques dans un CEM de la wilaya de Boumerdès, affirme que «depuis la fin des années 1980, j?ai effectivement constaté un changement chez les élèves. Le travail, s?il était fait, l?était surtout pour la note, pour le passage et parce qu?il faut aussi faire plaisir aux parents. Je peux affirmer sans exagérer que la moitié de la classe n?éprouve aucun intérêt réel pour les cours de façon à se sentir concernée quelque peu? Donc aussitôt appris, aussitôt oublié.» Ahmed H., enseignant à Tizi Ouzou, nous dit avoir constaté un désintérêt notable chez des enfants dont l?âge ne dépasse pas les 10 ans : «Considérant que leurs familles sont suffisamment riches, ils ne voient pas l?utilité de se consacrer aux études, contrairement aux élèves dont les parents sont de simples fonctionnaires.» «Ils ne veulent pas faire d?efforts intellectuels soutenus et la science ne les intéresse que pour en parler et non travailler dessus. Ils ratent les cours et leur premier objectif est de ne pas travailler. Ils veulent arriver en faisant le minimum. Manque d?intérêt et de motivation pour l?approfondissement en général et pour la physique et la chimie en particulier», explique pour sa part Naïma, professeur de sciences naturelles dans un lycée d?Alger. Rachid, professeur de technologie, abonde dans le même sens : «Difficultés, impossibilité de fixer son attention plus de quelques minutes sur un sujet abordé en cours. Ils ne sont capables d?une réelle concentration qu?un quart d?heure environ, au-delà de ce temps, ils commencent à bavarder. Les élèves fuient l?école quand les cours les dépassent, ce qui est de plus en plus fréquent.» Redouane Mohamed, enseignant de langue arabe depuis vingt ans, confirme, lui aussi, cette lecture : «Je crois que la génération actuelle a tendance à prendre les notions du cours de manière générale et passive, sans se donner la peine d?y réfléchir et de les analyser.» «Le problème qui se pose aujourd?hui, c?est que les élèves souhaitent arriver à un résultat satisfaisant avec un minimum d?efforts, d?où le rejet de certaines matières scientifiques. Le travail personnel est de moins en moins régulier. Ils révisent généralement à quelques jours des examens, ce qui ne peut leur permettre d?aller plus loin», enchaîne un ancien professeur de sciences naturelles au lycée Abdelaziz-Boumezrag à Alger. Trop d?élèves par classe l Les classes sont souvent trop chargées. On dénombre dans certaines écoles plus de 40 élèves par classe. Dans une telle atmosphère, les élèves sont sommés de ne pas bouger pendant des heures. Cet état de fait, avec le temps, rend l?élève agressif, selon les psychologues. Pour apprendre, il faut accumuler des expériences, disent-ils, ce qui est presque impossible, car on ne peut pas se retirer ou être seul.