Originaire de M?daourouch, près de Tébessa, il est l?exemple parfait de l?Algérien qui réussit à l?étranger. L?informatique est son terrain de jeu. Débarquant au Canada en 1975, à l?âge de 19 ans, il effectuera ses études tout en réfléchissant à un projet qui lui ouvrira les portes de la consécration. Il développe un programme informatique, Alis, pour Arabic Latin Information Système. Il s?agit de retranscrire les lettres arabes sur l'écran d'un ordinateur avec autant de facilité que pour les caractères latins. Ce qui est un exploit quand on sait que les lettres arabes changent de graphie selon la position qu'elles occupent dans le mot, au début, au milieu ou à la fin. Il faut dire qu?à cette époque, l'arabe n'était pas encore un langage informatique. Certains suggèrent donc que les Arabes se mettent à l'anglais puisque les ordinateurs fonctionnent dans cette langue : «Certains pays ont eu un haut-le-corps, notamment l'Arabie saoudite, l'Egypte, la Jordanie.» Quand les premiers appels d'offres sont lancés, cela renvoyait automatiquement vers Alis : «Nous étions la compagnie la plus en pointe dans le domaine.» Microsoft opte pour la technologie Alis : Bachir Halimi en est très heureux. En 1986, le géant américain négocie, prend une licence, entrevoit les perspectives : «Microsoft sait qu'il a un formidable pouvoir d'achat. Quand il négocie, il met tout son poids dans la balance : soit vous acceptez, soit vous êtes éliminé.» Pour remporter le marché, Microsoft met sur la table 1 million de dollars. L'affaire est entendue. «La langue arabe avait désormais sa place.» Une mission commerciale algérienne, en visite au Canada, est intéressée : «Je me suis déplacé en Algérie pour monter un système informatique arabisé. Il y eut appel d'offres, j?y ai répondu et c'est là que je me suis trouvé confronté à la bureaucratie algérienne.» L'affaire qui devait être réglée en six mois prend deux ans : «Un véritable cauchemar.» Résultat : l?invention d?un Algérien qui ne profite malheureusement pas à son pays.