Exposition n La photographie allemande est à l?honneur au Musée des Beaux-Arts d?Alger et ce, depuis mercredi. Près de deux cents photographies sont accrochées sur les cimaises de la galerie et présentées et dans leur diversité et dans leur originalité au public. L?exposition, qui se poursuivra jusqu?au 1er mars, est placée sous le thème de la photographie «subjective» et l'apport allemand dans cet art durant la période 1948 -1963 a été organisée à Alger par l'ambassade d'Allemagne et le Goethe-Institut en collaboration avec le Musée national des Beaux-Arts. Des artistes comme Guido Mangold, Gunther Keusen, Otto Steinert, Stefan Moses et bien d?autres capteurs d?images ont bien subjugué, à travers leurs travaux, le regard de chacun : des photographies réalisées en noir et blanc et qui datent de la fin des années 1940 et 1950 et du début des années 1960. Les photographies constituent diverses représentations : la gare de Cologne, un homme surpris par la pluie et cherchant à se mettre à l?abri, un groupe de gens discutant, des passants, une étendue de boue, une ville en ruine (des vestiges rappelant la Seconde Guerre mondiale), un port, le centre-ville, vide et endormi (une prise de vue faite très tôt le matin), une zone industrielle, un quartier commerçant, des champs et des étendues à perte de vue. D?autres photographies renvoient à des personnages : hommes et femmes qui apparaissent seuls dans une vision surréelle où le corps est déformé et l?image floue. Il y a également des enfants qui jouent, qui courent. D?autres photographies représentent, en revanche, l?imaginaire : des configurations abstraites confèrent à l?image quelque chose de surréaliste. Le travail, par lequel se distingue chacun des artistes exposant, s?inscrit dans un mouvement artistique né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; et il s?appelle «la photographie subjective». C?est un mouvement qui consiste à rompre avec les règles déjà établies concernant les prises de vue. Il apporte une nouvelle approche dans la manière de capter l?espace et le figer en image, une approche avant-gardiste à l?époque. Le réel n?est pas perçu d?une manière objective, réaliste ou empirique. Il est appréhendé selon une démarche artistique privilégiant l'aspect créatif des formes expressives individuelles avec les moyens de la photographie. Car «il importe moins de donner une reproduction quasi objective de la réalité et du reflet d'objets de la nature, mais de leur interprétation métaphorique et de la création de produits artistiques aux valeurs propres», est-il indiqué par les spécialistes de ce genre. Ainsi, ce mouvement artistique suit une démarche visant à libérer l?artiste au plan intellectuel, social et moral dans la création et l?expression, favorisant ainsi le jaillissement spontané des forces psychiques. Il l?affranchit des contraintes qui peuvent nuire à la véridicité du réel et altérer l?esthétique de l?image et disqualifier la crédibilité de son contenu. Le monde extérieur apparaît autrement dans une apparence plutôt insolite. D?où des images représentant, certes, des choses et des personnages, des paysages naturels ou des décors urbains, et bien d?autres visions inhabituelles qui viennent frapper l?imagination. Toutes ces représentations témoignent d?un souci de déformer la photographie et donc pour mieux expliquer la faculté de création chez l?artiste. Ainsi la photographie subjective ne signifie pas attribuer à l?image des sentiments, mais sert plutôt à marquer l?autonomie de la forme chez ce dernier (l?artiste) vis-à-vis du motif de l?image. C?est utiliser des effets surréels ainsi que des abstractions et des symboles de mouvement.