Février 1971 : la Fête de la bière bat son plein à Munich. A cette occasion, des baIs ont été organisés dans tous les quartiers de la métropole bavaroise. Rolf Lenau n'a, bien sûr, pas voulu laisser passer cette occasion de s'amuser et, peut-être, de faire une rencontre agréable. Rolf Lenau, à vingt-cinq ans, est toujours célibataire. Ce n'est pas qu'il soit laid. Il est grand, blond. Il a un bon métier. Il est serrurier et tout le monde dans son quartier le considère comme un artisan consciencieux. Simplement, il n'a pas encore rencontré l'âme s?ur... Et justement, cette jeune fille seule, qu'il vient d'inviter, lui plaît tout de suite. Elle est blonde et elle a un air réservé, doux, qui l'attire beaucoup. lIs font vite connaissance. Elle a vingt-cinq ans, elle aussi ; elle s'appelle Elke Petermann. A la troisième danse, elle lui avoue qu'elle est également seule dans la vie et elle lui confie sa profession: laborantine dans une pharmacie. A la fin de la soirée, elle accepte un rendez-vous pour le lendemain. Le lendemain, Rolf Lenau et Elke Petermann vont ensemble au cinéma. Ensuite, le jeune homme l'invite au restaurant. Pour Rolf, dès cet instant, il ne s'agit pas d'une rencontre comme les autres. Elke lui semble décidément tout à fait son genre. Peu à peu, ils en viennent aux confidences. Elke Petermann lui avoue qu'elle a déjà été mariée. Le jeune homme s'étonne : «Mais pourquoi as-tu divorcé ? Qu'est-ce qui s'est passé ?» Une ombre passe sur le front de la jeune fille. «Ce n'est pas moi qui ai voulu divorcer. C'est lui. Il trouvait que j'avais trop l'esprit de famille.» Rolf Lenau manifeste son incompréhension. «Mais enfin, en voilà un motif pour divorcer ! L'esprit de famille, c'est très bien, au contraire. Il y avait sûrement autre chose qu'il ne voulait pas te dire.» Elke Petermann sourit, d'un sourire charmant. Elle secoue la tête et ajoute avec beaucoup de douceur : «Non, je t'assure, Rolf, c'était la seule raison.» La jeune file marque un temps et puis poursuit : «Demain soir, pourrais-tu dîner chez nous ? J'aimerais beaucoup te présenter à ma famille...» Le lendemain, Rolf Lenau se présente devant un pavillon d'une rue résidentielle de Munich. A la main, il a un bouquet de roses. C'est Elke qui vient ouvrir à son coup de sonnette. Tout de suite, elle a l'air contrarié : «Tu n'aurais pas dû apporter des roses. Maman a horreur des fleurs.» Le jeune homme réplique avec gaieté : «Eh bien, tu les garderas pour toi. C'est à toi que je veux faire plaisir, pas à ta mère !» Elke ne répond rien, mais ? est-ce une impression ? ? il lui semble qu'il vient de la choquer... Un jeune homme d'une vingtaine d'années se tient dans l'entrée. Elke le lui présente : «Mon frère Thomas.» Rolf lui donne une poignée de main chaleureuse. Mais pour toute réponse, il n'obtient qu'un « bonsoir» indifférent. Ensuite, c'est au tour de la s?ur d'Elke, Ingrid. Elle n'est pas plus expansive que son frère. Son «bonsoir» est tout aussi sec. (à suivre...)