Résumé de la 4e partie n Rolf se voit déjà sous l?autorité des parents de sa femme. La goutte qui fait déborder le vase, c?est quand Elke décide d?accompagner son frère au théâtre. Rolf jure alors de changer le cours des choses. Quand Elke rentre, tard dans la nuit, il s?adresse à elle avec fermeté. «Elke, il faut que tu comprennes que nous sommes mari et femme. Tu n?es plus une petite fille. Tu dois admettre que, désormais, c'est moi qui dois passer d?abord.» Il marque un temps d'arrêt et conclut d'une voix solennelle : «Il faut que tu choisisses entre ta famille et moi !» Alors, il se passe quelque chose d'extraordinaire : Elke a soudain l'air peiné. Elle soupire. «Tu as tort, Rolf. Il ne fallait pas...» Et sans ajouter un mot, elle va faire ses valises. Rolf essaie de la retenir, mais en vain. Elle claque la porte. Il se retrouve seul. Il reste longtemps à errer dans son appartement vide. Il donne des coups de pied rageurs dans le papier à fleurs choisi par Ingrid et le buffet de sa belle-mère. Comme lune de miel, on fait mieux ! Mais ce n'est pas possible, Elke va se ressaisir. Elle va revenir... Oui, elle revient. Le lendemain matin, elle est là. Elle lui dit : «Je viens pour faire le ménage. Et je reviendrai dans deux jours.» Rolf lui parle doucement : «Ecoute, Elke, j'ai peut-être eu des mots un peu maladroits hier. Oublions tout cela, oublions ce qui nous divise, oublions ta famille.» Elke a un sursaut. Elle bondit : «Oublier ma famille ! Tu es fou ! Je termine le ménage et je m'en vais...» Pendant quinze jours, Rolf voit sa femme tous les deux jours. Ses tentatives pour la raisonner se heurtent à une attitude de plus en plus hostile. Il imagine ce que doivent lui dire sa mère, sa s?ur et son frère. Ils la montent contre lui, et elle est en train de se laisser convaincre. Bientôt, elle va le quitter, comme elle a quitté son premier mari. Seul dans son appartement ridiculement décoré, un mois après ses noces, Rolf Lenau sombre dans la dépression. Il se met à boire. Il néglige son atelier de serrurerie. Il attend les visites d?Elke, qui continue consciencieusement à faire le ménage un jour sur deux. Chaque fois il la trouve plus froide, plus lointaine. Un après-midi, après avoir erré pendant des heures dans son appartement, il sort dans les rues au hasard. Presque sans s'en rendre compte il se retrouve dans une armurerie. Il s'entend demander : «Je voudrais un fusil 22 long rifle...» C'est après, en sortant avec son arme, qu'il prend sa décision. Il va se tuer. Il va menacer Elke de se tuer devant elle. C'est du chantage, bien sûr, c'est mélodramatique, mais il n'a plus le choix. Il veut reprendre sa femme et il sent que seul un choc peut la détacher de son horrible famille. Le jour suivant, quand il ouvre à Elke, il a son fusil à la main. Elle a l'air encore plus froid qu'à l'ordinaire. Elle ne daigne même pas regarder l'arme ni lui faire la moindre remarque. Totalement décontenancé, Rolf lui dit d'une voix mal assurée : «Elke, je t'aime. Si tu ne reviens pas, j'ai décidé... de me tuer.» Elke le dévisage avec indifférence, hausse les épaules et lui dit sans élever le ton : «J'ai la salle de bains à faire.» Rolf la suit, tenant toujours son fusil. Il la supplie : «Elke, je suis ton mari. Tu dois vivre avec moi. Oublie ta famille, je suis sûr que je peux te rendre heureuse...» Elke lui parIe d'une voix dure, comme il ne l'a jamais entendue : «Laisse-moi ! D'abord, j'ai réfléchi : je vais demander le divorce.» Et comme Rolf reste abasourdi, elle continue, glaciale : «Eh bien, allez, suicide-toi ! Qu?est-ce que tu attends ? Non, mais regarde-toi ! Tu pleures presque? Allez, tire donc, espèce de lâche !» Rolf Lenau reste quelques instants, le fusil dans la main droite, à hauteur de la hanche. Puis il tire? Trois fois. Deux balles atteignent Elke à la tête, la troisième à la poitrine. Elle s?effondre, sans un mot, dans la baignoire? La fuite éperdue de Rolf pour tenter d?échapper aux conséquences de son acte est tout aussi vaine que l?avait été son mariage. Parti au volant de sa voiture, il est vite arrêté à un barrage de police. Rolf Lenau est condamné à dix ans de prison. Sa belle-famille, bien évidemment, s?est relayée à la barre pour l?accabler. Le président a été sensible à ces accents. Il a complimenté Carlotta Petermann : «Il est émouvant de voir à quel point vous avez l?esprit de famille?» Il n?est pas certain que le président ait tout à fait saisi ce que représentait, dans cette affaire, «l?esprit de famille».