Emplacement n Perché au sommet du mont Belloua, Redjaouna, ce grand village, est situé à l?ouest de la commune de Tizi Ouzou. Il est divisé en deux : Redjaouna-Techt et Redjaouna El-Bor, où vivent pas moins de 14 000 âmes. Mus par une organisation ancestrale, en l?occurrence le comité de village et un sens de la solidarité et de l?intérêt commun, les habitants de Redjaouna ont pu, grâce au fonds de la caisse sociale, fruit des cotisations des villageois, réaliser certains projets pour améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie. Toutefois, il reste beaucoup à faire pour doter Redjaouna de plus de commodités. Il s'agit en effet de plusieurs projets qui demandent, pour leur réalisation, des enveloppes financières importantes, tels l?alimentation en eau potable, le raccordement au gaz de ville, les infrastructures de santé et de jeunesse? C?est pour pouvoir bénéficier de certains de ces avantages que le comité de village de Redjaouna a entrepris de nombreuses démarches auprès des autorités locales et centrales. Des membres dudit comité nous déclarent : «Nous avons été reçus à plusieurs reprises par les autorités de wilaya, mais nos doléances sont restées lettre morte.» Nos interlocuteurs se sont ensuite mis à énumérer leurs problèmes, en évoquant en premier celui du raccordement des foyers au réseau de gaz de ville. Ce projet, inscrit à l?ordre du jour à la suite de l?intervention de Mokadem Tayeb, député RND qui a saisi le Chef du gouvernement, tarde à voir le jour. Par ailleurs, la salle de soins est loin de fonctionner normalement, nous font savoir les membres du comité de village. Celle-ci, jusqu?alors fermée, a rouvert ses portes grâce à l?instruction donnée par l?ex-ministre de la Santé qui, lors d?une visite effectuée dans la wilaya de Tizi Ouzou, s?est rendu à Redjaouna où il a pris la décision d?affecter un médecin. Mais la joie des villageois a été de courte durée puisqu?ils n?ont pas tardé à constater un relâchement et un dysfonctionnement au niveau de la structure. «Il n?y a ni médecin ni infirmier», s?insurge un jeune, relayé par un plus âgé : «La salle de soins est devenue une sorte de parc automobile. Le médecin, une femme, est partie en congé de maternité, et l?infirmier n?arrive qu?à 10h pour repartir à 13h. La directrice du secteur sanitaire de Tizi Ouzou nous a promis, depuis plus de trois semaines, d?y affecter un médecin, mais à ce jour nous n?avons encore rien vu venir.» Le comité de village estime qu?une structure de santé qui ne travaille pas la nuit et qui ne peut répondre aux urgences «ne sert absolument à rien, car pour les autres cas, les malades ont le temps d?aller se soigner ailleurs». Le comité rappelle que la promesse faite en 2004 par le ministre de la Solidarité de doter la structure d?une ambulance n?a pas été tenue. L?autre problème soulevé par les habitants de Redjaouna en matière de santé est l?absence d?un cabinet dentaire. «Qu?ils nous donnent le fauteuil dentaire et nous ferons l?extension nécessaire pour peu que l?APC nous fournisse les matériaux de construction», nous disent nos interlocuteurs. En matière d?électrification, 40 foyers attendent toujours d?être raccordés. Selon les villageois, les 40 habitations en question ont été construites en 1995, date où ont été réalisés les travaux d?extension du réseau électrique. «Le wali nous a promis de les prendre en charge sur le budget de wilaya, mais voilà que la direction des mines et de l?industrie met en avant une contrainte relative à l?éparpillement des habitations concernées», nous informent les riverains. Concernant les problèmes d?alimentation en eau potable, nous apprenons que la conduite d?eau qui date des années cinquante ne sert plus à rien vu sa vétusté. En matière d?assainissement, le réseau est, lui aussi, en bien mauvais état et le rejet des eaux usées se fait à ciel ouvert avec tous les dangers que cela comporte. D?ailleurs l?été passé, deux cas de typhoïde ont été enregistrés. Pour ce qui est du secteur de l?éducation, l?école primaire Bounar-Belkacem a, elle aussi, son lot de défaillances : absence de chauffage, manque d'eau, sanitaires dégradés, cantine fermée?. A ce propos, les membres du comité de village nous informent que «le matériel de la cantine a été donné par l?ex-directeur de l?école, sans savoir à qui et pourquoi». Le ministre de l?Education nationale, M. Benbouzid, qui s?est déplacé en novembre dernier dans le village, a promis la réfection totale de l?établissement, son aménagement et l?équipement de la cantine. Le réseau routier est en piteux état. La piste reliant Techt à El-Bor sur 2 km est impraticable, crevassée et parsemée de nids-de-poule. Le 14 août, les transporteurs de Redjaouna ont observé une journée de grève pour protester contre l?état des routes et demander leur revêtement. Pourtant en 1984, un avis d?appel d?offres a été publié pour le revêtement du tronçon Techt/El-Bor en passant par l?hôpital Belloua (le sanatorium). Mais à ce jour rien n?a été fait. Les jeunes, pour leur part, réclament une infrastructure de loisirs qui les tirerait du marasme et de l?oisivité quotidienne. Le comité de village demande la réalisation d?un centre socio-culturel en nous informant que l?assiette existe, mais qu?elle a été transformée en dépotoir. Malgré tout cela, le comité de village ne compte pas baisser les bras et a décidé de frapper à toutes les portes de ceux qui peuvent apporter une solution aux problèmes de leur village. C?est dans cette optique qu?ils ont rencontré, il y a de cela quelques jours, le député et secrétaire de wilaya du RND. Celui-ci a proposé de réaliser un parc d?attractions au niveau de la forêt de Harouza (près du village) afin de faire de la région un site touristique.