Parmi les nombreux griefs retenus par l?opinion publique en général et les spécialistes en particulier arrive en tête celui de la lourdeur des emplois du temps imposés aux écoliers du primaire. Au niveau mondial, deux tendances se sont manifestées dès le XXe siècle. Les Anglo-Saxons sont les premiers à avoir compris la nocivité des journées «intellectuellement» chargées. Les officiels de ces pays, à leur tête l?Angleterre et l?Allemagne, ont opté pour des matinées scolaires passées entre les quatre murs de la classe et des après-midis consacrés aux activités artistiques et physiques. L?approche latine, version française, reste attachée à des journées pleines d?activités scolaires qui malmènent en fin de course les capacités d?attention de l?écolier. Telle que structurée, l?école primaire latine, que l?Algérie a copiée ? de piètre façon, faut-il le souligner? ne répond pas aux besoins des enfants scolarisés. Au total des heures imposées par les rythmes scolaires, une moyenne de 30 heures par semaine auxquelles il faut ajouter les heures de soutien et les devoirs de maison. On constate que la charge de travail exigée de l?écolier est plus lourde que celle du fonctionnaire. Une cadence infernale aggravée par l?inadéquation des méthodes d?enseignement et d?évaluation, toutes centrées sur la logique du stockage des connaissances par l?élève. En Algérie, cette logique «d?enfer» est poussée à l?extrême, faute d?innovations pédagogiques et d?ouverture sur la psychologie de l?enfant. Le TGV du «tout à mémoriser» démarre à grande vitesse dès la première année du primaire pour aller crescendo jusqu?à la fin des études universitaires. Sur les quais restent en rade tous les élèves qui ne répondent pas à ce cahier des charges. Ceux qui ne savent pas tricher, ceux dont l?intelligence avérée n?est pas sollicitée, voire étouffée : les artistes en herbe, les sportifs en devenir. Pour eux, l?école est synonyme de corvée. Quant à ceux qui ont réussi à s?adapter au moule scolaire, rien n?indique qu?ils sont heureux. Bien des pans de leur personnalité sont restés en friche. De leur enfance âge d?or, ne subsisteront que les souvenirs agréables passés en dehors... de l?école. L?allégement des programmes proposés par la réforme en cours n?est, en fait, que suppression d?horaires dans une discipline, mais vite affectés (les horaires) vers d?autres matières nouvellement lancées. Un cercle vicieux qui n?en finit pas, tant que la conception d?une éducation gérée dans sa globalité n?a pas l?adhésion des décideurs. L?encyclopédie des programmes, les rythmes endiablés et les psittacismes (méthode axée sur la mémorisation-répétition) ont encore de beaux jours dans nos salles d?écoles. Qui des enseignements sportifs et artistiques aura la portion congrue ?