Emerveillements Au Salon international du livre d?Alger, les enfants ont pris du plaisir à parcourir du regard les étagères où sont rangés les livres qui leur sont destinés. D?une qualité esthétique frappante, ces livres plongent dans un monde magique, et donnent envie d?être achetés. Il est vrai que les enfants sont tentés par ces livres dont la couverture est une fenêtre ouverte sur le rêve, mais les parents, pour la plupart, hésitent à satisfaire les appétits trop coûteux de leurs rejetons. Rares sont ceux, d?ailleurs, qui s?inclinent devant l?insistance de leurs enfants, car les prix de ces livres d?importation sont inabordables. Les prix s?échelonnent entre 330 et 900 dinars ; il y en a même certains qui dépassent les 1 000 dinars, comme ces livres de grand format où les personnages sont en relief. En parcourant les stands du pavillon G, baptisé par les organisateurs Le Métier à tisser en hommage à Mohammed Dib, le visiteur constate avec étonnement l?abondance de livres pour enfants, voire l?intérêt que les éditeurs étrangers leur accordent. «Même les enfants ont droit aux livres, donc à la lecture. Comme les adultes, ils ont une littérature. Et je crois qu?il est nécessaire, voire indispensable d?alimenter continuellement cette littérature afin de maintenir ce rapport liant d?une manière si étroite et si intime l?enfant au livre, donc à la lecture», dit une représentante du stand belge. Du côté algérien en revanche, on se désole de la quasi-inexistence de maisons d?édition spécialisées dans les ouvrages pour enfants. Seul un éditeur, Les 3 Pommes, offre aux enfants une devanture variée, comportant une série de livres de grande qualité. Cette maison d?édition s?inscrit depuis plus d?une année dans la promotion de la littérature jeunesse. «La littérature de jeunesse algérienne n?existe pas, et c?est dans ce contexte qu?est née Les 3 Pommes», dit une représentante de la maison d?édition. Et de poursuivre : «Notre but est de créer un environnement dans lequel on peut voir évoluer et se développer une littérature destinée aux enfants, et de faire en sorte que le livre pour enfants existe concrètement sur le marché algérien.» Récemment, Les 3 Pommes ont édité Bab ? un livre en langue française ? une histoire adaptée du patrimoine universel. C?est un texte sous forme de pièce de théâtre pour enfants qui a obtenu le label d?El-Djazaïr 2003, une Année de l?Algérie en France et y sera jouée incessamment. Deux ou trois stands plus loin se trouve celui de Dalimen, une maison d?édition qui fait aussi dans le livre pour enfants, mais qui ne s?y investit pas entièrement comme le fait Les 3 Pommes. Dalimen est un éditeur d?ouvrages concernant le patrimoine et bien d?autres créneaux. C?est d?ailleurs aux éditions Dalimen qu?est paru le recueil de chroniques du défunt Saïd Mekbel. L?inexistence de maisons d?édition nationales spécialisées dans la littérature dite algérienne montre à quel point l?enfant est privé de son droit au livre, donc de la lecture. «Pour que l?enfant aille vers le livre et aime la lecture, il faut que l?adulte aime lui-même le livre et, en conséquence, la lecture. C?est l?adulte qui doit inculquer à l?enfant le plaisir de la lecture», déclare Natali Fortier, illustratrice canadienne de livres pour enfants. On ne doit donc pas s?étonner si nos enfants ne lisent pas et n?entretiennent aucun rapport avec le livre !