Procès n Devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, Sarajevo accuse Belgrade de génocide. C'est la première fois que des accusations aussi graves vont au-delà des batailles de procédures et font l'objet d'audiences en bonne et due forme devant la CIJ. Le dossier a été présenté par la Bosnie en 1993. La présidence musulmane bosniaque durant la guerre de 1992-1995, accuse le régime de Belgrade d'avoir «tué, violé, torturé, kidnappé, détenu illégalement et exterminé des citoyens de Bosnie-Herzégovine». A l'époque, Sarajevo était victime d'un siège meurtrier des troupes serbes bosniaques. Et à l'été 1992 furent diffusées les premières images des prisonniers croates et musulmans squelettiques, rappelant l'holocauste. Belgrade conteste ces accusations. «Si la Bosnie gagne, la Serbie deviendra le premier pays (juridiquement) considéré comme soutenant officiellement le génocide, et pourrait avoir à payer des milliards de dollars à ses voisins», expliquait Janet Anderson, experte en droit international pour le Institute of War and Peace Reporting. Les défenseurs de la Bosnie vont largement utiliser les témoignages et les preuves avancées par les procureurs du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, notamment le matériel concernant le génocide de Srebrenica, le meurtre de 8 000 garçons et hommes musulmans par les troupes serbes bosniaques en 1995. La principale difficulté des avocats de Sarajevo sera de prouver la responsabilité directe de Belgrade, accusée de financer et de soutenir les Serbes de Bosnie. C'est aussi ce que le procureur du TPI tente de démontrer dans le procès de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic. Mais le génocide est à la fois le plus grave et le plus difficile à prouver des crimes : il faut démontrer qu'il y avait intention génocidaire. Les audiences sont prévues pour durer jusqu'au 9 mai, puis les 17 juges travailleront à leur verdict, ce qui peut durer plusieurs mois. Les arrêts de la CIJ sont définitifs et sans appel, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire appliquer. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE demandent régulièrement à Belgrade de coopérer avec les magistrats de La Haye et de prendre des mesures concrètes pour arrêter les anciens chefs militaire et politique des Serbes de Bosnie Ratko Mladic et Radovan Karadzic, inculpés, depuis dix ans par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie pour génocide.