Euthanasie L'infirmière Christine Malèvre a été condamnée à 10 ans de prison pour les meurtres de six patients à l'hôpital Francois-Quesnay de Mantes-la-Jolie (France). Malèvre, 33 ans, a été reconnue coupable (à la majorité absolue) d'avoir assisté ou causé la mort de plusieurs patients en phase terminale. Il lui a, également, été interdit définitivement d'exercer la profession d'infirmière. Elle a été acquittée d'une 7e accusation de meurtre. Christine Malèvre, lors de l'audition qui avait suivi son arrestation, avait admis avoir aidé 30 patients à mourir, mais s'était par la suite rétractée. En arrivant à son procès, elle n'acceptait d'être accusée que de 4 morts, dont une «accidentelle». Elle a affirmé avoir agi par compassion, afin de mettre un terme aux souffrances des patients. Mais l'accusation a réclamé «une peine minimum de 10 ans». «Si Christine Malèvre avait essayé de tuer sept personnes en bonne santé, nous serions loin des 10 ans et plus près de la prison à vie», a affirmé l'avocat des familles de trois victimes, Olivier Morice. Le juge d'instruction, chargé de l'affaire et appelé comme témoin, a ajouté : «Il ne suffit pas que l'affaire se passe dans un hôpital et qu'on ait une blouse blanche pour que ce soit de l'euthanasie. Pour moi, ce n'est pas de l'euthanasie, ça n'a rien à voir.» L'avocat de Christine Malèvre a dit avant le verdict que d'autres médecins et infirmières avaient commis des euthanasies sans être inculpés de quoi que ce soit. Mais les familles de plusieurs patients décédés ont nié que leur «être aimé» ait demandé à mourir. Certains groupes pro-euthanasie, qui avaient mené campagne lors de l'inculpation de Malèvre, n'étaient pas présents durant le procès. Le juge d'instruction Pallain a souligné que les patients n'étaient pas tous en phase terminale, qu'ils n'avaient pas demandé à mourir, que leur souffrance était prise en compte et que la cohésion de son équipe aurait dû pousser Christine Malèvre à dialoguer sur les cas difficiles. Il a, notamment, expliqué avoir démontré techniquement qu'il était impossible de provoquer par accident une surdose de médicaments avec une seringue électrique, contrairement à ce qu'affirmait l'infirmière. Les psychiatres, qui ont examiné l'infirmière, ont conclu qu'elle avait «une fascination morbide pour la maladie» et qu'elle savait très bien ce qu'elle faisait. Les psychiatres de l'accusation n'ont pas eu exactement le même avis que leurs collègues. Marc Peyron et Jean Gueguen, psychiatres, eux aussi, avaient été commis par le juge d'instruction en octobre 1998, six mois après le début de l'affaire. L'infirmière était encore «complètement terrorisée par sa garde-à-vue», «comme si elle ne supportait pas d'avoir été confrontée à la réalité». Christine Malèvre était «habillée tout en noir», «pleurait en pensant à la pression médiatique», n'exprimait «ni regret ni culpabilité». Christine Malèvre a travaillé à l'hôpital Francois-Quesnay de février 1988 à mai 1998. En juillet 1998, elle a été arrêtée après qu'une enquête eut été menée suite à des morts suspectes à l'hôpital. Elle a alors admis avoir aidé 30 patients à mourir, mais son avocat a expliqué, durant le procès, qu'elle était sous l'influence de neuroleptiques. Elle a été inculpée d'assassinats, mais libérée dans l'attente de son procès. Le rapport final du juge d'instruction faisait état de 11 morts suspicieuses mais dans 4 d'entre elles, les preuves étaient insuffisantes pour inculper l'infirmière. La cour a examiné les statistiques sur les décès survenus entre 1996 et 1998 dans le service de Christine Malèvre, lesquels étaient deux à quatre fois plus fréquents lorsque l'infirmière était en service. Le commandant de police Alain Le Pache a souligné, pour sa part, que Christine Malèvre avait assisté en 1996 à 25 décès, contre seize en moyenne pour ses collègues. L'année suivante, elle aurait assisté à 50 décès, contre 11 en moyenne pour les autres membres du service, et pour les premiers mois de 1998 à 14 décès, contre cinq. La défense de l'infirmière est restée étrangement muette. Elle n'a pas contesté les statistiques funestes révélées à l'audience.