Couleurs n La salle Frantz-Fanon (Riad-El-Feth) a accueilli, hier, mardi, une exposition du jeune artiste peintre Kamel Maâchou. Dédiée à la mémoire de Anissa Asselah disparue il y a six ans lors d?un accident de la circulation, ainsi qu?à Rabah et Ahmed Asselah, victimes il y a douze ans, des balles assassines du terrorisme, cette exposition s?inscrit également dans le cadre de la Journée nationale du handicapé. Ainsi, l?originalité de l?exposition consiste à révéler un jeune garçon d?une vingtaine d?années atteint d?autisme, mais qui déborde de talent et d?énergie créatrice. Au premier regard, et dès le premier contact, une impression nous saisit : une personne égarée dans un monde qui lui est à la fois étranger et étrange, et qu?elle n?arrive pas à apprivoiser et à faire sien, une personne en décalage avec l?entourage , et dont les mouvements physiques qui l?aident à se déplacer d?un lieu à l?autre semblent légèrement décousus, quelque peu incohérents. Kamel Maâchou est là, à arpenter la salle, peinant à dire son message par les mots. Mais derrière cette apparence se cache une autre personne, un artiste avec une imagination explosant de couleurs et à forte charge émotionnelle. Tout en couleurs, ses peintures, qui nous invitent à explorer son monde, un monde abstrait, qui explose de vie et qui raconte un rêve, une existence, la sienne, se veulent des paroles contre le silence et le repli sur soi, mais aussi contre l?oubli et l?indifférence. C?est pour dire une existence, affirmer une présence, faire connaître et valoir un geste, une création à travers laquelle se dit Kamel Maâchou. «Kamel Maâchou est un jeune garçon que je connais et que j?ai invité à participer à mon atelier de création, car j?ai découvert en lui un dynamisme artistique», dira Karim Sargoua, enseignant à l?Ecole supérieure des Beaux-Arts et membre du collectif Essebaghine qui, chaque année, est à l?origine de cet «Instant mémoire» dédié à la famille Asselah. D?autres amis de la famille s?associent, eux aussi, à cette initiative. Karim Sergoua voulait faire connaître le jeune artiste en lui offrant un espace d?exposition. «Kamel Maâchou a reçu une distinction en 2003 par le programme des Nations unies pour ses travaux», dira-t-il. Cela encourage, selon Karim Sergoua, ce jeune artiste à s?investir dans une passion nommée peinture. L?exposition est ouverte au public jusqu?à jeudi. L?originalité, cette année, de cet instant mémoire consiste, selon Karim Sergoua, à faire participer des jeunes ? et même des enfants ? qui n?ont rien d?exceptionnel comme nom, mais qui ont une passion, un réel dévouement pour l?art. Concernant le programme relatif au clin d??il à Anissa, Rabah et Ahmed Asselah, il comprend un work-shop peinture avec des enfants, le 16 mars, ainsi qu?une projection de vidéos et films d?animation, le vendredi 17 mars. Soyez donc nombreux à y assister.