Les faits Un Lillois de 33 ans a avoué, en juillet 1999, l'enlèvement, le viol et le meurtre de trois fillettes âgées de 9, 6 et 4 ans, commis et accompagnés d'actes de barbarie en 1985, 1990 et 1992, à Lille. Le 29 juillet 1992, le corps de la petite Nadja Tebib, 4 ans, avait été découvert dans un terrain vague de Ronchin, près de Lille. L'enfant avait été enlevée, violée et tuée six jours plus tôt. Sept ans plus tard, le 13 juillet 1999, Denis Waxin, confondu par des analyses d'ADN, reconnaissait les faits. Le soir même, il avouait également, devant le juge d'instruction, le viol et le meurtre de Cathy Moncheaux, 9 ans, et de Nathalie Hoarau, 6 ans, commis respectivement en octobre 1990 et novembre 1985. Il avait été arrêté grâce au courage d'une autre petite fille. Le 6 janvier 1999, Denis Waxin avait enlevé la petite Wendy, 6 ans, à proximité de son domicile, et l'avait emmenée dans une usine désaffectée de Lille-Fives. Il avait menacé Wendy avec une matraque électrique pour s'assurer de sa soumission. Et il avait ajouté : «Je te préviens, j'ai déjà tué des petites filles.» Il avait alors violé la fillette, mais celle-ci était parvenue à s'enfuir alors que Waxin se rhabillait. L?enquête avait été confiée à la brigade des m?urs de Lille. Par chance, Wendy possédait un excellent sens de l'orientation. Même traumatisée, même à 6 ans, elle était parvenue à décrire en détail son agresseur. Un portrait-robot avait été dressé. Les enquêteurs l'avaient comparé aux milliers de photos de délinquants de leurs fichiers. Une douzaine de suspects avaient été sélectionnés, dont Waxin. Dans les archives policières, il n'avait laissé de traces que pour un vol commis dans un grand magasin. Rien, dans son passé, n'évoquait des faits à caractère sexuel. Mais les policiers avaient, malgré tout, décidé de laisser sa photo parmi les autres et de les montrer à la fillette. Wendy n'avait pas hésité et, avec assurance, avait désigné le cliché de Denis Waxin. Celui-ci avait été arrêté et incarcéré. A son domicile, on avait retrouvé la matraque électrique. Les enquêteurs avaient alors décidé de rouvrir tous les dossiers concernant des viols d'enfants. Trois, en particulier, hantaient leur mémoire : les viols et les meurtres de Nadja, Cathy et Nathalie. L'âge des victimes, le périmètre des crimes, la manière d'agir : tout indiquait que ces meurtres étaient l'?uvre d'un seul et même homme. Or, dans l'affaire Nadja, les policiers disposaient d'un indice : une tache de sperme. Le Lips (Laboratoire interrégional de police scientifique) fut chargé de la comparer avec l'ADN de Waxin. L'empreinte génétique correspondait parfaitement. Le 13 juillet 1999, durant sa détention, Denis Waxin avouait deux autres viols, pour lesquels il est également poursuivi cette semaine. Denis Waxin est un homme complexe qui se dit victime d'un dédoublement de personnalité, mais qui n'est pas atteint de déficience intellectuelle, selon les experts qui l'ont examiné. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. A l'audience, le 28 mai, Denis Waxin a décrit durant une heure, en termes crus, les circonstances de son 3e meurtre, celui de la petite Nadja Tebib. Il n'a montré aucune émotion en racontant le calvaire de la fillette. Selon lui, il n'était pas conscient de ce qu'il faisait. En revanche, il n'a pas voulu donner de détails sur le meurtre de la petite Cathy Moncheaux, tuée de quatorze coups de couteau. Il dit ne se souvenir de rien. Il affirme avoir du mal à croire que c'est bien lui qui a fait cela. Mémoire sélective... Le 31 mai, Denis Waxin a été reconnu coupable et condamné à la prison à vie, avec une période de sûreté de 30 ans.