Contribution n Le directeur général de l'emploi et de l'insertion au ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale répond aux questions d'InfoSoir. InfoSoir : Les agences de l'emploi sont rarement sollicitées, comme cela se fait dans d'autres pays, aussi bien par les demandeurs d'emploi que par les entreprises. Pourquoi ? ll M. Annan : Les Agences d'emploi (Anem) ont pour mission de gérer les demandes et les offres d'emploi. Mais le dernier mot revient aux entreprises, libres de satisfaire l'offre de l'agence ou de la refuser. Cependant, il est vrai que les demandeurs d'emploi, jusqu'à un passé récent, croyant à la faible probabilité d'être recrutés à travers ces Anem, faisaient appel à d'autres organismes. D'autant plus qu'aucun texte juridique n'obligeait les employeurs à passer par ces structures pour recruter leurs employés. Mais les choses ont changé. Pour preuve, vers la fin de l'an dernier et grâce aux Anem, près de 65 000 personnes ont été placées, alors que dans les années 1990 elles peinaient à faire recruter les quelques demandeurs d'emploi qui avaient choisi de passer par ce genre de structures. Quelle est l'évolution de ce phénomène ces dix dernières années ? ll La tragédie nationale ne s'est pas traduite uniquement par des pertes en vies humaines ; les quelques bassins d'emploi dont dispose le pays étaient pratiquement désertés en raison des menaces terroristes, outre le prix du pétrole qui frôlait les 9 dollars le baril et un endettement étouffant. Cette situation a généré un taux de chômage de près de 30%. Au début des années 2000, l'embellie financière due à la hausse du prix de pétrole a permis de redresser la situation et de dépenser d'énormes sommes dans la sphère économique, évaluées dans le deuxième plan de soutien à la relance économique à 60 milliards de dollars. Cette évolution a largement contribué à faire baisser le taux de chômage à 15,3% en 2005 contre 17,7% en 2004 et 23,7% en 2003. Et les projections laissent supposer que ce taux avoisinera les 9% à la fin 2009. Quels secteurs ont absorbé le plus de chômeurs ? ll L'Algérie est devenue, depuis quelque temps, un immense chantier avec le défi lancé par le président de la République de réaliser un million de logements. Autrement dit, le bâtiment et les travaux publics restent l'un des secteurs qui a permis à de nombreux chômeurs de réintégrer le monde du travail. Il n'en demeure pas moins que les secteurs de l'agriculture et des services ont, eux aussi, beaucoup contribué à faire baisser le taux du chômage. Peut-on considérer que les milliers de jeunes, orientés vers le système du filet social avec 3 000 DA/mois, sont loin des affres du chômage ? ll L'Etat a un rôle régulateur ; il y a des demandes d'emploi qui ne peuvent pas être satisfaites dans cette phase caractérisée par l'emploi économique. Il faut dire que nous n'avons pas encore, aujourd'hui, une économie capable d'absorber tout le flux de demandeurs d'emploi. Des milliers de jeunes abandonnent chaque année, précocement, leurs études sans qualification pour accéder à un emploi économique. Cette catégorie est prise en charge dans le cadre du filet social pour tenter de lui faire acquérir une certaine expérience et des connaissances. C'est une forme de solidarité.