Rencontre n «Patrimoine immatériel en Algérie» était le thème d'une journée d'étude qui a eu lieu, hier, au théâtre de verdure. Lors de son intervention, Hadj Meliani, chercheur en patrimoine immatériel au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran, a rappelé que «l'Algérie est l'un des premiers pays à avoir ratifié la convention relative à la préservation du patrimoine immatériel», ajoutant qu'elle a rédigé des textes liés à la sauvegarde et à l'inventaire des biens culturels intangibles. Cela démontre l'intérêt de l'Etat pour le patrimoine immatériel. Un intérêt qui ne se traduit encore qu'au niveau théorique. Sur le plan pratique, les initiatives politiques manquent ou tardent à se matérialiser. Toutefois, l'intervenant n'a pas hésité à réagir contre des discours qui soutiennent que rien ne se fait pour la préservation du patrimoine. «Il y a un travail qui est en train de se faire en vue de sauvegarder notre patrimoine immatériel», a-t-il souligné. Et d'évoquer l'apport considérable des associations, notamment musicales dans la collecte des biens culturels immatériels. En effet, des associations ainsi que des organisations indépendantes œuvrent, tant bien que mal, au profit du patrimoine. Cependant si le conférencier se réjouit des initiatives relatives à la préservation de notre patrimoine, il se désole du fait que les actions ne soient pas coordonnées. «Il n'y a pas d'actions communes, ou un travail collectif», a-t-il déploré. Et d'ajouter : «Chacun travaille dans son coin, garde le travail ou les documents pour lui. Il se trouve que le patrimoine appartient à tous. Ce n'est pas une propriété individuelle.» Par ailleurs, Hadj Meliani distingue dans le patrimoine immatériel trois aspects, à savoir histoire, anthropologie et langue ; et que l'on ne peut pas dissocier l'un des deux autres. Les trois fonctionnent ensemble. Car l'on ne peut dire une société, son histoire et sa politique, sans ces trois paramètres qui sont des références. «Quand on parle d'histoire, on ne peut parler d'une histoire désincarnée, on ne peut parler d'une histoire sans le vécu des gens qui est important.» Il déplore, à cet effet, l'absence d'une histoire du vécu social dans ses différents aspects. «On a une histoire politique, sociale, mais pas une histoire des mentalités», déplore-t-il. Et d'ajouter également que «le patrimoine immatériel n'est pas seulement le passé, c'est aussi le présent», d'où la nécessité de faire un travail de collecte et de conservation de tous les aspects relatifs aux comportements sociaux pour permettre aux générations futures de voir comment leurs aînées vivaient et comment leur société fonctionnait. Enfin, Hadj Meliani a appelé à une action des instances concernées ainsi qu'à des initiatives indépendantes pour la collecte et la sauvegarde du patrimoine immatériel et à aplanir les obstacles devant de telles actions. Car le patrimoine immatériel a un rôle de «pilier de la citoyenneté, de l'identité et de la société algériennes», d'où «l'urgence d'introduire dans les programmes scolaires des sujets et des matières en rapport avec ce patrimoine». Et de conclure : «Le patrimoine est l'affaire de tous. Chacun y a une part de responsabilité.»