Résumé de la 3e partie n Denis est prêt à marcher sur le corps de sa propre mère pour satisfaire ses besoins en drogues. Son père décide de mettre fin à cette menace à tout prix. Un vague espoir lui reste. Il va dire à son fils : «Voilà deux cents francs, c'est la dernière fois...» Si seulement Denis prenait le billet et s'enfuyait... Si seulement il ne se mettait pas à hurler comme d'habitude. Si seulement... Au début de l'après-midi, Denis arrive ainsi qu'il l'a dit. Et, ainsi qu'il l'a décidé, son père tend la main : «Voilà deux cents francs, tu n'auras rien d'autre. Plus jamais, c'est la dernière fois.» Denis n'entend rien. Il n'entend plus rien depuis longtemps. La dernière fois ? Plus rien ? Deux cents francs ?... Qu'est-ce qu'il va faire avec deux cents francs ? Ce n'est pas avec ça qu'on s'en sort ! C'est une misère, deux cents francs ! Il a dit du fric ! Pas une aumône ! «Il m'en faut plus ! Deux cents balles ! Je ne rigole pas ! Ça ne fait pas le compte !» Et il menace, insulte. Alors le père lève son arme et tire. Trois balles. Denis est mort. Tremblant, le père déclare aux jurés : «J'ai mis fin à ses jours, c'est vrai, mais j'ai aussi mis fin à son calvaire. Il souffrait comme une bête.» Depuis l'âge de quinze ans, Denis n'était animé que par une pulsion mortelle qui passait par le chemin de la drogue. Mais l'issue était lente, l'agonie affreuse. Trois crises cardiaques ont affaibli le père, la mère est rongée par l'angoisse. Depuis ce règlement de comptes qui a mis fin aux jours de leur fils aimé, ils attendent le verdict. Après six semaines de détention au printemps 1991, le père a été remis en liberté provisoire. Personne ici, comme durant l'enquête, ne l'a considéré comme un criminel ordinaire. Il a fait ce qu'il pensait devoir faire pour protéger sa famille, même si cet acte lui répugnait. Le président comprend, il ne réclame au jury qu'une peine légère de cinq ans avec sursis, «compte tenu de ce procès exemplaire qui nous montre les ravages de la drogue pour toute une famille». C'est si simple à comprendre. Pour la défense, c'est aussi un simple «cas de légitime défense». Les jurés ont acquitté le vieux monsieur, si las, si usé, si malheureux d'avoir dû reprendre la vie d'un fils aimé. La perpétuité qui lui reste à vivre est là, dans son cœur, dans son âme : «Père, j'ai mis au monde un fils que j'ai dû supprimer. Faute d'avoir compris, faute de ne pas avoir su élever, faute, faute, faute...» La culpabilité du père est bien ailleurs que dans ses trois balles de revolver. Elle est bien plus lourde à porter qu'une sentence de tribunal. Détention illégale d'armes. La justice populaire ne retient que ce crime-là. Grand-père a encore un petit-fils à élever dans les années si peu calmes et si peu simples du XXIe siècle rugissant.