Salon n Il y a ceux qui exposent de manière régulière au niveau national et international et ceux qui viennent pour la première fois en quête de reconnaissance pour un travail accompli depuis des années. Parmi les plus illustres, la famille Bacha est la plus connue des familles d'artistes. Les jeunes frères poursuivent le parcours de leurs aïeux en se montrant plus incisifs dans la manière de procéder. «Notre talon d'Achille est l'argile rouge qu'on polit avec des engobes», rapporte le plus jeune d'entre eux. En effet, la technique est plus visible sur les pots, vases et corbeilles de fruits. C'est un mélange de kaolin et d'oxyde de fer qui donne une couleur terre brune aux ustensiles servant à la décoration. «Lors de notre présence à Nice dans le cadre d'une exposition, nous avons vendu des pièces jusqu'à 200 euros», confie le jeune prodige qui prévoyait de les vendre au maximum 75 euros. «C'est le commissaire d'exposition qui nous a exigé de relever les prix», précise-t-il. Un autre artisan, qui expose savamment ces objets décoratifs, se distingue par les tonalités des couleurs chaudes expressément choisies pour l'art du meuble. Saïd Djabbalah est un artiste exigeant et talentueux à l'extrême. «Nous avons été choisis pour décorer le hall et le salon d'honneur du nouvel aéroport d'Alger», nous confie-t-il fièrement. Cet artiste a été sélectionné en raison des nouveautés présentées. «Notre décoration se veut un mélange harmonieux entre la tradition et la modernité», lance-t-il d'un ton convaincant. Sur un tout autre registre, Nourreddine Malek est un artiste céramiste à part. Il se distingue à première vue par sa disponibilité à communiquer en insistant sur les détails de son art : «Ma tendance est l'identitaire allant des motifs berbères jusqu'à l'exploration islamique du Moyen Age.» Vases, pots, assiettes sont illustrés de dessins à l'encre où l'art rupestre et les rituels agraires de la civilisation berbère sont étalés de la manière la plus élégante. «Certes, mon processus de fabrication ne dure que huit jours, mais le dessin et la calligraphie prennent du temps car je travaille sur des axes de recherches historiques de l'Algérie», souligne-t-il. Sa poterie reste plus expressive et aérée sur tous les contours. Sa dernière trouvaille est un vase réalisé avec la technique héritée de Samarkande, aux confins de l'Azerbaïdjan. C'est le pays par excellence de la poterie islamique, célèbre d'ailleurs dans le monde entier. Cette expérience n'est pas une simple imitation d'un profane, mais un savoir-faire de haute technicité. Comme en témoignent d'ailleurs un faïencier qui explore la céramique chinoise et d'autres qui jouent sur les techniques de la Grèce antique en les adaptant au contexte algérien.