Couleurs n La galerie Mohamed-Racim abrite une exposition collective d'artistes peintres français et algériens. Une pléiade de tableaux qui regroupe des individus au sein d'un même espace, mais aussi des imaginaires et des sensibilités éclectiques. Chantal Moulin s'emploie à faire une représentation et ce, dans un graphisme stylisé, des personnages de formes diverses et d'aspects à caractère humoristique ; seulement d'un geste simple, d'un tracé bref, elle engendre une figuration. Des dessins évoquant notre petite enfance, en fait. Si Chantal Moulin évolue dans un figuratif «infantile», Chathy Toussaint, pour sa part, cultive l'abstrait. D'abord , dans l'une de ses peintures, un visage (d'homme ou de femme ?) se tenant de face, les yeux fermés, la bouche fermée, un visage semblant dénué de toute expression, mais qui, paradoxalement, délivre un magnétisme saisissant. Il suscite la curiosité et invite à s'interroger sur son existence. Une tête pensante, semble-t-il, coupée de toute temporalité et de spatialité. La dimension spatiotemporelle n'existe, en effet, pas dans l'exercice pictural de l'artiste. Cette absence est perceptible dans une autre de ses peintures. Une surface sur un fond rouge mais bandée de noir en contrebas du tableau ; au centre, un disque de couleur blanche et que l'on peut interpréter comme étant solaire. Ou bien d'une ouverture sur une autre dimension plus étrange que celle que nous observons. L'abstrait est repris et abordé d'une manière encore plus complexe par Gilles Lizanet. Le contenu de ses peintures est déroutant, laissant l'observateur perplexe. Un univers certes abstrait, mais à la limite du fantasque. Idem pour Jo Tachon qui, lui, s'emploie, comme ses confrères, à jeter l'émoi dans le regard du visiteur. Des représentations oniriques, mais qui se veulent également symboliques dans la mesure où il y a mise en scène d'une attitude mentale et d'une vie psychique. Oualid Boukrif, un Algérien vivant en France, ramène ses peintures à une vision plus ou moins proche d'une existence effective, c'est-à-dire assimilable par l'œil. Certes elles s'inscrivent dans une représentation abstraite, mais elles dénotent, en apparence, des scènes que le regard se trouve en mesure de traduire au plan figuratif. Un personnage, une femme en habit traditionnel (celle des montagnes de Kabylie ou des Aurès ?!) se tenant près d'un foyer. Du côté algérien, Zahia Kaci a exposé deux peintures sur toile de style semi-figuratif dont l'une consacrée au Liban et représentant des habitations détruites et des enfants blessés. Pour leur part, Salah Hioun et Noureddine Chegrane ont réalisé, dans un style semi-figuratif, des œuvres évoquant une femme portant une colombe, symbole de la paix en optant pour une palette à prédominance de bleu, «couleur de l'espoir». Les signes et symboles du terroir ont été mis en exergue dans les compositions de M. Belmekki qui s'est inspiré du patrimoine en reprenant des motifs de tapis qu'il a peints avec des tons ocres et autres couleurs terre. Autant de styles et de couleurs, d'imaginaires et de sensibilités, de thèmes qui articulent l'exposition et l'inscrivant autour d'un univers plein de créativité et d'action. Il est à signaler que cette exposition, organisée par l'Union nationale des arts culturels avec pour thème «Rencontre d'été», s'est tenue à Cherchell il y a cinq jours.