La faim empêche la guérison des malades du sida, elle facilite la transmission du virus et pousse femmes et adolescents à des relations sexuelles à risque : une spirale infernale que les donateurs auraient le pouvoir d'enrayer. «Nous ne pouvons pas gagner la bataille contre le sida seulement avec des médicaments», affirme un docteur du Programme alimentaire mondial (PAM), en lançant un appel urgent au financement d'une aide alimentaire, lors de la Conférence internationale sur le sida à Toronto (Canada). Une personne mal nourrie sous thérapie antirétrovirale a six fois plus de chances de mourir qu'une autre, correctement nourrie, qui bénéficie du même traitement. «Nous savons que les gens contaminés par le virus VIH ont besoin d'une alimentation de très haute qualité, riche en nutriments et en calories», indique un chercheur. Pour un adulte, le besoin calorique est de 10 à 30% plus élevé que celui d'une personne saine. Pour les enfants en croissance, il est de 50 à 100% supérieur... Et l'épidémie prolifère dans les pays pauvres, où vivent 95% des personnes contaminées par le virus dans le monde. «Les personnes sous-alimentées connaissent des effets secondaires beaucoup plus prononcés, qui vont les rendre malades, et elles vont avoir tendance à stopper le traitement». Sans attendre les explications scientifiques, le lien entre faim et sida «est une question de bon sens», relève un professeur de médecine à l'université de Harvard.