L'éruption de la Martinique n'est pas le seul drame dont Dunne aurait eu la vision. Ainsi qu'il le raconte dans son ouvrage autobiographique, il a reçu, à plusieurs reprises, par le canal du rêve, des messages de catastrophes. Un soir, alors qu'il était toujours en Afrique du Sud, il s'est vu en Ecosse, en train de regarder un train passer. Brusquement, au passage d'un ravin, il a vu la locomotive sortir des rails et se précipiter, et avec elle le train tout entier, dans le vide. Il s'est réveillé en sursaut, racontant son rêve à ses camarades. «L'Ecosse, lui disent-ils, est bien loin d'ici !» Comme les journaux écossais arrivent avec un grand retard dans les camps militaires d'Afrique du Sud, c'est seulement plusieurs semaines après la catastrophe que Dune apprend qu'un train écossais, le fameux Flying Scotsman, a fini comme il l'a rêvé : en se précipitant dans le vide, à vingtaine de kilomètres du pont de Forth ! Dans un autre rêve, moins dramatique cette fois-ci, il se voit dans une ville d'Afrique qu'on lui dit être Khartoum, au Soudan ; trois Anglais en haillons, entourés par une foule. Quand il leur demande d'où ils viennent, ils lui répondent : «D'Afrique du Sud.» Le lendemain de ce rêve, Dunne lit dans la presse que l'expédition britannique du Cap au Caire est arrivée au Soudan, les survivants de l'expédition, au nombre de trois, étaient mal en point. Si beaucoup de lecteurs ont accordé foi aux rêves de Dunne, d'autres l'ont accusé d'imaginer ses rêves, après avoir lu des reportages dans les journaux sur les catastrophes. Ce que Dunne a catégoriquement rejeté.