Le thème de la mise à mort des nouveau-nés juifs est fréquent dans les annales de l'antique Israël, pour qu'il soit retenu comme un fait historique indubitable. Il s'est déjà produit avec Nemrod avant Meneptah. Toute l'histoire antique d'Israël est à refaire pour extraire la «substantifique moelle» de la trame des légendes, des mythes, des accusations infondées et des slogans religieux. De nombreux faits notés par des historiens montrent bien que les persécutions entreprises contre les Juifs en Egypte avant et après Moïse étaient des réactions populaires, avalisées par le pouvoir, contre les abus d'une minorité opulente, turbulente, résolue à dominer toute la communauté au milieu de laquelle elle vit, irrespectueuse de ses traditions religieuses autant que de ses normes juridiques. Il serait absurde de croire que les persécutions dont les Juifs furent l'objet en Mésopotamie, en Syrie et en Egypte étaient motivées uniquement par l'interprétation d'un mauvais rêve. En 162 av. J.-C., sous Cléopâtre et Ptolémée, le fils d'un grand pontife juif, Onias, obtint l'autorisation d'ériger un temple sur le modèle de celui de Jérusalem, mais moins grand, à Onia, cité habitée presque exclusivement par les Israélites et surnommée de ce fait «vicus judaeorum» (le village des Juifs). Elle était réputée pour le désordre qui y régnait et l'insolence de ses habitants. Deux siècles plus tard les mêmes faits sont signalés également comme un mal social chronique en d'autres cités égyptiennes. C'est ainsi qu'en 343 ap. J.-C., le préfet Lupas d'Alexandrie se plaignait non sans amertume à l'empereur Vespasien contre les Juifs d'Onia, qui se moquaient de son autorité et provoquaient des troubles dans son district. Il lui demanda en même temps l'autorisation de sévir contre leur insolence et leur insubordination. Cette demande préalable était une précaution que prenaient en général les préfets se trouvant dans la même situation, à la fois pour éviter de s'exposer à des blâmes consécutifs à toute sédition éventuelle et aussi pour prévenir les interventions des gros bourgeois juifs de Rome ou des délégations que les Juifs envoyaient habituellement à la capitale surchargées de magnifiques cadeaux et d'argent chaque fois qu'ils étaient en difficulté avec le pouvoir local. Irrité, Vespasien ordonna la destruction du temple d'Onia. (à suivre...)