Coutumes n En dépit de la concurrence déloyale du marché informel et de la contrefaçon, des artisans ont démontré leur attachement aux habits traditionnels. Dans les villes de Mechria et Aïn Sefra, nombre d'ateliers de fabrication d'habits traditionnels, notamment de kaftans portés par les femmes, ont pignon sur rue et mettent en valeur la beauté d'un art ancestral. En effet, les fabricants du kaftan, un vêtement aux couleurs vives, bien adapté aux fêtes, ont réussi à allier la beauté et la finesse d'un art ancestral, déjà bien ancré dans les us et coutumes de la région, et la modernité frappante dans la découpe ou le stylisme. Ces artisans ont hérité d'un legs traditionnel et esthétique démontrant la beauté de l'habit authentique. Naïma, employée dans un atelier de fabrication de kaftans traditionnels, a appris cet art de sa famille, qui excelle dans les broderies de fetla et medjidieh. Devant la poussée des articles prêts-à-porter qui ont envahi les marchés, cette dame, dont l'art de la broderie lui colle à la peau, a préféré perfectionner son savoir-faire, «même si ces créations traditionnelles demandent du temps et de la patience, perfection oblige», souligne-t-elle. Cet art de la couture et de la broderie traditionnelle est même pratiqué par ses trois filles qui ont appris avec dévouement à broder le barchman, sorte de broderie utilisée dans la confection des takchitat, ces robes longues traditionnelles dont le design suit la mode la plus raffinée. D'autres genres de broderie traditionnelle sont pratiqués à travers les ateliers spécialisés dans la couture traditionnelle par des artisans de racham (dessin sur tissu) qui choisissent des formes géométriques et végétales utilisant des couleurs pastel attirantes telles le pêche et le vert raisin, agrémentées de fils d'or, notamment pour la confection des kaftans. De son côté, El-Hadj Barkat, propriétaire d'un atelier de fabrication d'habits traditionnels employant plusieurs apprentis (femmes et hommes) explique que ce genre de vêtement fait l'objet d'une concurrence rude au regard de la demande fort importante, essentiellement de la zone ouest très portée sur ce genre vestimentaire. La création de centres spécialisés en habits traditionnels devrait, selon cet artisan, œuvrer à la pérennité de cet art menacé de disparition, outre l'organisation de salons et concours de mode pour préserver les vêtements traditionnels féminins et masculins à l'instar de l'art culinaire, la musique, la danse, ou tout autre art qui met en relief le cachet particulier de chaque région du pays dans toutes ses spécificités.