Colère n Plus de 4 000 personnes se sont rassemblées ce matin dans la zone tribale pakistanaise, au lendemain d'un raid contre une école coranique. C'est pour manifester leur colère contre les Etats-Unis et l'armée pakistanaise que les Pakistanais ont crié : «Mort à l'Amérique», «Mort à Bush», «Mort à Musharraf». Les manifestants se sont réunis à Khar, la principale localité du district de Bajaur, à 200 km au nord-ouest d'Islamabad, à quelques kilomètres de la frontière afghane. «Arrêtez de tuer des innocents», clamaient-ils, affirmant que les dizaines de victimes de l'attaque menée, hier, à l'aube, par des hélicoptères d'attaque et des «armes de précision», selon l'armée pakistanaise, étaient de simples étudiants. Selon des habitants de la zone cités par les médias locaux, l'attaque aurait été menée d'abord par des avions sans pilote, puis par des hélicoptères. Divers responsables islamistes ont attribué la responsabilité du raid aux Etats-Unis. Les routes d'accès à Khar ont été fermées aux étrangers au district et notamment aux journalistes. La coalition islamiste Muttahida Majlis-e-Amal (MMA), principale force d'opposition nationale au pouvoir dans la province dont dépend la zone tribale, a appelé à une journée de manifestations pacifiques pour protester contre le raid. Hier, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Karachi (sud du Pakistan). Environ deux cents membres du mouvement de jeunesse du Jamaat-e-Islami, le plus important des partis islamistes pakistanais, ont brûlé un drapeau américain devant le Press Club de la première ville du pays. «C'est un acte de barbarie contre des musulmans innocents commis avec le soutien des Etats-Unis», a affirmé leur leader Sarfraz Ahmed. On pouvait lire sur une banderole : «Nous condamnons l'attaque terroriste des Etats-Unis à Bajaur.» Selon l'armée pakistanaise, la madrassa (école coranique) du district tribal de Bajaur, frontalier de l'Afghanistan, était utilisée comme centre d'entraînement à Al Qaîda. A Peshawar, la capitale de la province-frontière du Nord-Ouest, dont dépend administrativement la zone tribale semi-autonome, le vice-Premier ministre provincial a annoncé sa démission en signe de protestation. «Cette attaque a été lancée par l'Amérique et ses alliés, y compris le Pakistan», a affirmé Sirajul Haq, membre du Jamaat-e-Islami. «Pour exprimer ma solidarité avec les 80 étudiants innocents tués dans l'attaque, je démissionne de mon ministère», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. «Nous n'avons pas voté un tel budget à l'armée pour qu'elle assassine son propre peuple», a-t-il ajouté.