Musique n L'Orchestre symphonique national (OSN) a travaillé d'arrache-pied entre concerts et galas et ce, depuis l'année 2005, à redonner toutes ses lettres de noblesse au patrimoine musical algérien dans une perspective universaliste. Créé en 1992 sous l'égide du ministre de la Culture, l'OSN est une troupe hétéroclite de 50 musiciens professionnels venus de différentes régions du pays. Elle s'associe occasionnellement avec des musiciens et des personnalités de marque du monde de la musique classique. La création de l'OSN a toutefois deux visées essentielles : la première d'ordre institutionnel est celle de donner une impulsion nouvelle au développement, à la diffusion et à la pratique de la musique universelle en Algérie, en sensibilisant notamment le public aux nouvelles sonorités. La seconde est d'ordre scientifique et historique puisque l'objectif principal est la recherche et la reconstitution du patrimoine algérien : «Cet orchestre est une sorte d'équipe nationale qui veut valoriser notre richesse musicale dans sa diversité même. Car chaque région d'Algérie est un tableau unique en son genre qui possède ses spécificités rythmiques et mélodiques. C'est la raison pour laquelle nous voulons écrire et composer une musique universelle inspirée de notre grand patrimoine», affirme Abdelkader Bouazzara qui est à la tête de cet orchestre, lui-même violoniste de formation, animateur de «Musique des peuples», une émission radiophonique diffusée entre 1995 et 2003. Animé de bonne volonté, ce directeur voudrait donner un cachet spécial à l'orchestre : celui de puiser ses références dans les racines musicales du trésor algérien et du folklore traditionnel. Avec un calendrier de rencontres très chargé, l'OSN a multiplié ses sorties en organisant des tournées dans 26 wilayas visitées. Au chapitre des activités nationales la troupe a rendu hommage à des figures de la musique algérienne aujourd'hui disparues comme les compositeurs Boudjemia Merzak, Abdelwahab Salim entre autres ou de grands interprètes de la chanson comme Cherif Kheddam. Ses nombreuses participations à la célébration d'événements culturels ou politiques montrent, s'il en est, son implication à toutes les festivités. La musique de l'orchestre reste toutefois ouverte au monde puisqu'elle intègre souvent des musiciens et des chefs d'orchestre internationaux en l'occurrence ceux du Conservatoire de Rome dans le cadre de la coopération culturelle algéro-italienne. Une fois n'est pas coutume l'OSN a innové en introduisant une femme maestro. Il faudra cependant signaler le travail remarquable du chef d'orchestre Hacène Larbi, celui de Rachid Saouli, Elise Gauthier Villars et Nicolleta Conti ont su, quant à elles, diriger les notes fraîches de l'orchestre. l «Les origines de cette musique remontent au IXe siècle avec son inventeur Ziriab qui avait enseigné l'opéra, le bel canto et donné à ce genre une tonalité universelle. C'est ce patrimoine qui a conservé une dimension presque immortelle qui nous a poussés dans certaines compositions», dira M. Bouazzara ajoutant : «Ce qui fait notre particularité ce n'est pas de jouer Mozart — l'orchestre a, en effet, célébré le 250e anniversaire du compositeur — mais de donner son importance à cette musique savante, de montrer le vrai visage de l'Algérie avec ses différentes mélodies», ajoute-t-il.L'OSN chapeaute en réalité un ensemble de trois orchestres : chaâbi, andalou et universel. Ce qui fait dire à notre interlocuteur : «L'orchestre vit actuellement son âge d'or malgré des moyens restreints. On est sollicité maintenant pour des participations. C'est un signe de succès de l'orchestre.» l La troupe est aujourd'hui à même d'effectuer des tournées marathoniennes sur tout le territoire avec un public qui a commencé à se spécialiser et surtout qui en redemande. Ainsi elle sillonnera prochainement plusieurs villes en se produisant notamment à Médéa, le 27 de ce mois, et le 28 à Miliana, sous la direction de Rachid Saouli. Prévus aussi au programme deux concerts phares : le premier sera dirigé par Zahia Ziwani, venue tout spécialement de France où elle est établie. Puis ce sera au tour de Hikotaro Yaziki, le célèbre chef d'orchestre japonais, de renommée mondiale, de diriger le 28 février 2007 l'OSN, une initiative en partenariat avec le palais de la Culture et l'ambassade du Japon à Alger.