L'opération des frères siamois égyptiens, séparés le 12 octobre aux Etats-Unis, a permis de réconcilier les habitants du village reculé de Haute-Egypte (sud) dont ils sont originaires, a affirmé lundi leur père dans une interview au journal arabe Al-Charq Al-Awssat. «Notre village a toujours été séparé entre deux groupes d'habitants, les Gaafra et les Homr», a déclaré Ibrahim Mohammed, le père des deux siamois. «Jamais il n'y a de mariages entre les deux groupes, ni de relations sociales», a-t-il dit. Tous les habitants ont passé une première nuit blanche ensemble, sur la place du village, pour suivre l'opération de séparation des deux frères et ont ensuite célébré son succès par des youyous, alors que le maire distribuait les boissons sucrées réservées aux fêtes, a-t-il ajouté. Les rivalités entre familles sont très courantes dans le sud de l'Egypte, et tournent parfois à des vendettas sanglantes, le plus souvent provoquées par des questions d'honneur. Ibrahim Mohammed, 33 ans, est un modeste gardien d'école, dans son village qui porte précisément le nom des deux clans rivaux, Al-Homr Al-Gaafra, et qui est situé à environ 800 km au sud du Caire. Reliés par le sommet du crâne, les deux frères Mohammed et Ahmed, nés en juin 2001, ont été séparés après 26 heures d'opération et sept heures de chirurgie plastique.