Mort ou vivant? Le numéro 2 d'Al Qaîda, Ayman al-Zawahiri, sème la confusion au sein des médias occidentaux. Alors que certains l'ont donné pour mort dans un bombardement de l'armée américaine au Pakistan, d'autres par contre, affirment que le bras droit de Ben Laden n'était pas sur les lieux du pilonnage. Le Pakistan enquête encore sur des informations indiquant que Zawahiri aurait été tué lors d'une frappe aérienne militaire américaine sur un village proche de la frontière afghane, a annoncé hier, le porte-parole du président pakistanais Pervez Musharraf. «Nous sommes en train d'enquêter et ne sommes pas en mesure en ce moment de dire oui ou non», a déclaré le général Shaukat Sultan, appelé à confirmer la mort de Zawahiri. Le numéro deux du réseau Al Qaîda, pourrait figurer parmi les victimes d'une frappe aérienne américaine qui le visait vendredi dans un village du Pakistan frontalier de l'Afghanistan, ont annoncé pour leur part, vendredi, les télés américaines. Citant des sources militaires pakistanaises, ABC et CNN ont indiqué que cinq personnes tuées dans ce bombardement étaient «des membres de haut niveau d'Al Qaîda». Le numéro deux d'Al Qaîda pourrait être parmi les victimes, ont ajouté ces sources. Selon CNN, le village bombardé s'appelle Damadola et est situé à proximité de la frontière afghane. La chaîne ABC, qui la première a donné l'information, indiquant que Zawahiri pourrait être parmi les victimes du bombardement, a précisé que des villageois avaient signalé qu'un avion sans signe de reconnaissance avait survolé leur village ces derniers jours. Le bombardement a eu lieu à l'aube alors que le village était encore plongé dans l'obscurité, a indiqué ABC. Le Pentagone a démenti que l'armée américaine ait mené une opération dans cette zone, mais des sources pakistanaises avaient indiqué auparavant qu'au moins 18 personnes, dont cinq femmes et cinq enfants, avaient été tués vendredi dans une région tribale du Pakistan, victimes de missiles américains. Selon NBC, le bilan pourrait être de 30 morts. Trois maisons auraient été détruites dont l'une appartenait à Gul Zaman, membre d'un groupe islamiste illégal. Les avions de la CIA Selon la chaîne NBC, citant des sources militaires américaines, l'opération était organisée par la CIA (services de renseignement américain) qui a utilisé des avions sans pilote équipés de missiles. Un porte-parole de l'armée américaine, le colonel Todd Vician, a affirmé qu'il n'y a «pas de raison de croire que l'armée américaine a mené une opération» dans cette zone. Mais la CIA est connue pour mener des opérations le long de la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan. Le village pris pour cible a été longtemps un des bastions d'un groupe islamiste proche des talibans afghans. Selon des sources militaires pakistanaises, citées par les télés américaines, Zawahiri résidait souvent dans ce village. Les corps des cinq membres présumés de haut rang d'Al Qaîda sont en cours d'identification, ont précisé ces sources. La cheville ouvrière d'Al Qaîda Né en 1951 au sein d'une riche famille, Zawahiri est diplômé de la faculté de médecine de l'Université du Caire en 1974. Il rejoint les rangs de l'organisation islamiste Al Jihad -dont il devient plus tard le chef- et purge une peine de trois ans de prison pour l'assassinat du président égyptien Anouar al-Sadate en 1981, dans lequel le mouvement était impliqué. Al Jihad a ensuite déclenché en 1992 une vague d'attentats en Egypte et Zawahiri y a été condamné à mort par contumace en 1999. Zawahiri s'est rendu pour la première fois en Afghanistan en 1979, puis en 1980, pour soigner des blessés lors des combats contre les troupes soviétiques. Il quitte définitivement l'Egypte au milieu des années 1980, pour séjourner en Arabie Saoudite, au Soudan et aux Etats-Unis, avant de s'installer en Afghanistan. Il aurait aussi vécu en Europe au début des années 1990 avant de retrouver Ben Laden au Soudan ou en Afghanistan. Il a également été arrêté en 1996 en Russie après avoir cherché, semble-t-il, à recruter des hommes pour combattre en Tchétchénie. En 1998, il est un des cinq signataires de la «fatwa» de Ben Laden appelant à l'assassinat de civils américains. Il est inculpé par les Etats-Unis pour les attentats meurtriers contre leurs ambassades au Kenya et en Tanzanie la même année. En février 1998, Zawahiri fonde avec Ben Laden, à Peshawar (Pakistan), le Front pour la libération des lieux saints de l'Islam (Fllsi). Homme érudit, poète à ses heures, rapportent ceux qui l'ont connu. Son père était un médecin réputé, son grand-père paternel était imam d'Al-Azhar, et son grand-père maternel ambassadeur. Selon des informations parues en décembre 2001, sa femme, son fils et ses deux filles ont été tués dans un bombardement américain sur Kandahar, en Afghanistan, lors de l'offensive qui renversa les talibans. Considéré comme la cheville ouvrière des attentats les plus spectaculaires du réseau, dont ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, il a été placé au second rang des terroristes les plus recherchés dans le monde par le FBI. Les Etats-Unis estiment que Zawahiri, dont ils ont mis la tête à 25 millions de dollars, est le principal idéologue et stratège dans la hiérarchie d'Al Qaîda. Il se manifeste régulièrement sur les chaînes satellitaires Al Jazeera et Al Arabiya, via des enregistrements sonores ou des cassettes vidéo. Sa dernière intervention remonte au 6 janvier. Il avait notamment appelé le président américain George W.Bush à «admettre sa défaite» en Irak, dans une vidéo diffusée par Al Jazeera.»Bush, tu dois admettre que tu as été vaincu en Irak et que tu es en train de l'être en Afghanistan et tu seras vaincu bientôt en Palestine avec l'aide et la force de Dieu», affirmait Aymane Al-Zawahiri dans cette vidéo. Il a figuré aux cotés de Ben Laden sur plusieurs vidéos diffusées après le 11 septembre, mais depuis la dernière apparition de Ben Laden en décembre 2004, on n'a plus vu que lui pour appeler à poursuivre le Jihad contre les Etats-Unis, les Juifs et les dirigeants du monde arabe et musulman.