Tension n Les riverains du 158, rue Hassiba-Ben-Bouali ont été tenus en haleine durant toute la journée d'hier par un homme désespéré. Ce père de famille s'est enfermé dans son appartement avec sa femme et ses enfants et menaçait de se donner la mort en actionnant une bonbonne de gaz butane qu'il avait à portée de la main. La veille, 28 familles sinistrées du séisme de 2003 devaient être relogées dans des appartements neufs à Zéralda. Si toutes les familles, même celles qui avaient montré dans un premier temps des réticences, ont fini par rejoindre leurs nouveaux logements, Aïssa B., n'a pas voulu entendre raison. Hors de question pour lui de «revivre à Zéralda le calvaire vécu quotidiennement de longues années durant». C'est que cet agent de sécurité de 43 ans occupait un semblant de logement à la rue Hassiba avec ses parents, sa femme, leurs deux enfants et son frère, également marié et père de deux enfants. Soit neuf personnes entassées dans trois pièces exiguës, insalubres et menaçant de s'écrouler. Inutile de dire que dans cette promiscuité, c'était loin d'être le paradis entre les deux belles-sœurs, voire entre les deux frères. De ce fait, Aïssa voulait un appartement à lui seul. Une doléance catégoriquement rejetée par les services de la circonscription administrative de Hussein-Dey. L'intransigeance de ces derniers l'a donc amené à menacer de recourir à cette ultime décision : se donner la mort avec femme et enfants. A notre arrivée sur les lieux, vers 13 heures, les éléments des services de sécurité et de la Protection civile ne savaient pas encore quelle attitude adopter à l'égard de ce contestataire, d'autant plus que son frère est catégorique. «Le connaissant, je peux vous affirmer qu'il passera à l'acte. Mieux vaut agir avec doigté avec lui», conseille-t-il. Cependant, ni les supplications ni les sommations des policiers et du délégué de sécurité de la daïra n'ont réussi à lui faire changer d'avis. «Je ne sortirai pas d'ici tant que je n'ai pas reçu un engagement écrit des responsables quant à la satisfaction de ma revendication», nous dit-il d'un ton décidé, entouré de sa femme en pleurs et de ses deux enfants insouciants. Il a fallu l'intervention d'un avocat, voisin et ami d'enfance de Aïssa B., pour voir la situation se débloquer, en fin d'après-midi. Voyant que les responsables de la daïra ne sont pas près de céder d'un iota, l'avocat s'est dirigé vers le président de l'APC, qui s'est engagé, devant témoins, à prendre en charge le cas de ce laissé-pour-compte en l'incluant sur la liste des futurs bénéficiaires de logements sociaux participatifs. En attendant, a-t-il promis, il se chargera de lui procurer un chalet dans les plus brefs délais. Sur ce, Aïssa renonce à son projet suicidaire et sort de sa chambre au grand soulagement de tout le monde…