Seize artistes algériens, dont les réalisateurs Amar Laskri, Ghaouti Bendedouche et Dahmane Ouzid et les comédiens Sid Ali Kouiret, Ahmed Benaïssa et Fatiha Berber, prendront part, demain, mercredi, et jeudi, à l'hommage qu'organisera la Cinémathèque d'Oran, au défunt cinéaste Mohamed Bouamari, décédé récemment. L'hommage comporte une rencontre entre les invités, la presse et les associations locales sur la personnalité de Bouamari, une projection de ses trois œuvres, Le Charbonnier, Le refus et Premier pas ainsi que la présentation en «avant-première oranaise» de Barakat de Djamila Sahraoui, film dans lequel le défunt cinéaste a fait sa dernière apparition sur le grand écran. Bouamari, bien que sa filmographie soit peu prolifique (quatre courts métrages et autant de films), a su marquer de son empreinte particulière le 7e art algérien, notamment celui des années 70. Son premier film, Le charbonnier, questionne le monde rural et pose la problématique des effets du développement dans la vie quotidienne des gens, dans une démarche réaliste et convaincante. C'est en France, que ce Sétifien, alors âgé de 10 ans, découvrira dans une salle de cinéma de Lyon, le monde féerique du 7e art. Puis, de retour au pays, «il fourbira ses armes» à la Cinémathèque d'Alger, véritable carrefour culturel, où l'on pouvait découvrir les chefs-d'œuvre du 7e art mondial et rencontrer les cinéastes les plus prestigieux. Il nouera des amitiés solides, telle celle avec Boudjemâa Kareche, devenu plus tard, directeur de la Cinémathèque et considéré comme un des fervents défenseurs du cinéma du tiers-monde. C'est en autodidacte, qu'il tournera son premier court-métrage consacré à un travailleur émigré fuyant ses responsabilités. De retour au pays en 1965, il est assistant de Lakhdar Hamina, Slim Riad, Costa Gavras et Bertuccelli. Il tourne deux courts-métrages avant Le charbonnier, datant de 1972. Ce film sera salué par la critique et recevra le 2e prix au Festival de Carthage et le Prix Georges-Sadoul de la Semaine de la critique à Cannes en mai 1973. Suivront ensuite deux longs-métrages essentiels, L'Héritage (1974) et Le refus (1982), ainsi que des téléfilms et des documentaires. Dans les années 90, il s'installe une nouvelle fois en France, et fera des apparitions dans de nombreux films produits essentiellement par des Algériens. Le défunt a été terrassé par une crise cardiaque, le 1er décembre dernier. Le 7e art national venait de perdre une des ses figures les plus remarquables, un homme débordant de générosité, d'humanisme, de vitalité et de créativité, soulignent ceux qui l'ont connu.