Retard n Au moment où, sous d'autres cieux, la santé scolaire est régulièrement assurée chez nous, toutes les blouses blanches, dans les écoles, sont celles des enseignants. «La vérité sort de la bouche des enfants» , dit le proverbe. Cette réalité a été constatée récemment lors de la visite d'une équipe de chirurgiens-dentistes dans une école de Bab Ezzouar où, il y a plus d'une semaine, Signal et la Fédération des médecins ont posé des questions «banales» aux élèves. La vérité a été étonnante. Voici quelques exemples : «Combien l'être humain a-t-il de dents ?» ; «16 !», répond un élève. «Quelle est la durée moyenne d'un brossage de dents ?» ; «12 minutes», répond un autre élève. «Combien de fois doit-on voir son dentiste ?»; «10 fois par année», répond un élève . «Tous les 10 ans», dit un autre… Toutes ces réponses naïves des élèves reflètent une réalité amère. «L'absence totale d'une culture sanitaire dans nos écoles», explique le Dr Mohamed R., responsable de l'unité de dépistage et de suivi à la direction de la santé scolaire de Rouiba. Dans les Unités de dépistage scolaire (UDS), qui sont installées un peu partout dans les communes, il y a un manque flagrant de matériel et de médecins. Ces structures sont quasiment vides. «Pas de fauteuil dentaire, pas de laboratoires d'analyses d'urgence pour les diabétiques. Cette situation ne permet pas un suivi régulier des élèves, notamment pour les maladies liées à la cardiologie et à l'ophtalmologie (très fréquentes chez les élèves)», dit-il. «Avec la malnutrition qui ronge nos élèves, ils sont très exposés à ces maladies, ajoute-t-il. Normalement chaque UDS doit être dotée d'un médecin généraliste, d'un dentiste, d'un psychologue et d'un laboratoire d'analyses pour les bilans d'urgence. Rares sont les UDS au niveau d'Alger qui sont équipées d'un fauteuil dentaire. Et même s'ils existent, ils ne sont pas fonctionnels.» Parfois les médecins sont contraints de faire leurs examens dans des classes obscures avec des moyens dérisoires… Hormis les vaccinations qui sont assurées régulièrement, les visites médicales se font rares. «Ce n'est pas à cause d'une baisse de régime des UDS, mais à cause du manque des moyens médicaux et de logistique. Imaginez que nous sommes obligés d'utiliser nos propres véhicules pour nous déplacer dans les établissements scolaires. Nous n'avons pas un véhicule de service mis à notre disposition. Cette situation nous pénalise et nous finissons souvent par jeter l'éponge», explique un médecin dans une UDS sur la côte ouest d'Alger. Un autre hic : les employés des UDS ne savent pas de quel ministère ils dépendent exactement. Certains sont sous la tutelle du ministère de la Santé et d'autres sous celle du ministère de l'Education nationale.