Célébration n Un hommage a été rendu, hier, à la Bibliothèque nationale, aux femmes journalistes, notamment de l'ancienne génération. Initié par le quotidien Horizons à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, cet hommage a concerné une vingtaine de femmes journalistes, dont Nassima Hablal et Izza Bouzekri, deux femmes journalistes qui, du temps de la révolution, ont dactylographié la plate-forme de la Soummam. Ou encore Evelygne Lavalette qui, au risque de sa vie, transportait (clandestinement) les journaux algériens. Des femmes comme Claudine Chaulet, Zohra Drif, Nabiha Tarbèche, Baya Hachemi et bien d'autres, ont été distinguées, ainsi que Dahbia Yacef et Fatima Benosmane qui ont été honorées à titre posthume. Cette journée d'hommage a été marquée par deux communication évoquant le métier de journalisme au féminin. Zoheïr Ihadeben, universitaire et enseignant à l'école de journalisme, a évoqué les femmes journalistes durant la période coloniale. Son intervention s'est articulée en deux volets. Le premier concernait les femmes journalistes algériennes et les femmes journalistes françaises qui ont adhéré à la société algérienne (dite à l'époque musulmane ou, péjorativement, indigène), des Françaises qui ont épousé la culture et les us algériens. «Jusqu'à 1954 (c'est-à-dire depuis 1830), on n'enregistre aucune femme algérienne pratiquant le journalisme», a-t-il dit. Et d'ajouter : «L'exercice journalistique était, à cette époque, faible, même en Europe, rare où la femme pratiquait ce métier. Si en Algérie, pendant la période citée, l'élément féminin n'était pas présent, l'on pouvait, toutefois, constater d'une manière générale une dynamique dans le domaine du journalisme, notamment dans le domaine politique.» L'intervenant a, par ailleurs, souligné que, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire en 1948, une Union des femmes musulmanes aspirant à exercer le journalisme s'est créée sous la direction de Mme Chetoufe. Mais cet organisme, selon l'orateur, n'a pu parvenir à son objectif, à savoir publier un journal. «De 1948 à 1950, est apparue une revue culturelle en langue française ayant pour titre Essalem El Ifriqi» (Le salut africain), dirigée par Hamza Boubekeur. «Cette revue consacrait une large rubrique à la femme algérienne, donc des femmes l'animaient», a-t-il dit. Action était une autre revue culturelle publiée en langue française, mais contrairement à la précédente, celle-ci était dirigée par une femme, à savoir Djamila Debbèche. Ensuite, Zoheïr Ihadeben a évoqué les femmes françaises qui, par leur attachement à l'Algérie, ont contribué au métier de journalistes. «Isabelle Eberhardt était beaucoup plus une écrivaine, mais elle exerçait le métier de journaliste dans la mesure où elle réalisait des reportages», a-t-il relevé. Et de poursuivre : «Il y avait également Karima Deraioux (une femme à l'Islam) qui, excellant dans la langue arabe, a fondé un journal en langue arabe afin de faire connaître et de promouvoir la langue et la culture arabes, donc la conscience algérienne», a-t-il évoqué. l Amina Debbèche, journaliste et ex-directrice de Canal Algérie, a centré sa communication sur la présence de la femme dans le secteur de l'audiovisuel, indiquant que nombreuses sont les femmes qui y émergent. «On y trouve de plus en plus de femmes qui activent dans ce domaine-là», a-t-elle déclaré. D'autre part, et selon l'oratrice, la femme investit, aujourd'hui, et outre le domaine de l'information, d'autres spécialités en relation avec le métier du journalisme, comme le secteur technique : caméra, montage… «La femme va davantage vers la spécialisation.» «Ainsi, pour l'intervenante, le secteur de l'audiovisuel est en train de se féminiser, après celui de la santé, de la justice et de l'éducation.» En dépit du sexisme qui freine les ambitions de la femme dans ce métier-là, mais qui ne les supprime pas, il y a de plus en plus de femmes dans le secteur de l'audiovisuel. «Certaines d'entre elles ont réussi à occuper des postes décisionnels et de responsabilité», a-t-elle attesté. ? noter qu'Horizons publie, ce mercredi, un supplément de 36 pages, en hommage à la femme algérienne, dont l'éditorial est signé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.