L'enseignement de la langue amazighe diffère d'une région à une autre. Le ministère de l'education a, en effet, laissé le choix de la graphie à adopter pour son écriture aux enseignants et aux élèves. «Nous n'avons pas voulu imposer la même graphie pour l'écriture de tamazight pour la simple raison que dans certaines régions, les parents d'élèves et les enseignants ont préféré le latin, alors que dans d'autres wilayas ils ont opté soit pour l'alphabet arabe, soit pour le tifinagh», a indiqué M. Touati. Ce dernier affirme que l'enseignement de cette langue dans les établissements scolaires des wilayas de Batna, Sétif et Biskra se fait en l'alphabet arabe, alors qu'à Tamanrasset, l'écriture de tamazight se fait en son alphabet authentique tifinagh. Les enseignants des établissements scolaires des wilayas du centre du pays sont, pour leur part, pour l'alphabet latin. C'est une anarchie totale dans le choix de la graphie, une situation qui aura, incontestablement de très mauvaises conséquences à l'avenir. Après leur cursus primaire, moyen et secondaire, les élèves désirant poursuivre leurs études supérieures dans cette langue, auront toutes les peines du monde à atteindre cet objectif. Les universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui dispensent actuellement des formations supérieures dans la langue et la littérature amazighes en lettres latines, comment pourraient-elles faire face à une situation où chaque étudiant (les nouveaux) avait l'habitude d'écrire tamazight «à sa manière» ? «Le choix de l'alphabet doit être une décision purement politique et souveraine de l'Etat après la consultation des chercheurs et des spécialistes si on veut vraiment mettre un terme à cette pagaille qui commence à se généraliser et dont les répercussions seront ravageuses pour l'avenir de cette langue nationale», estiment les enseignants rencontrés à l'occasion du colloque organisé, mercredi et jeudi, par le haut-Commissariat à l'Amazighité sur «le libyco-berbère ; de l'authenticité à l'usage pratique».