Si sous d'autres cieux, la greffe d'organes s'est banalisée et se pratique à grande échelle depuis des décennies déjà, chez nous, une simple greffe de rein ou de cornée constitue toujours un véritable événement médical et médiatique. Pourtant, il y a quelques années la greffe d'organes était déjà très courante dans nos hôpitaux . «Ce n'est pas une question de maîtrise ou de savoir-faire», explique le professeur M. Nouri, chef de service d'ophtalmologie au centre hospitalo-universitaire de Beni Messous. Ce denier a réussi récemment une dizaine d'interventions chirurgicales de greffes de cornée. Les dix malades ayant subi ces interventions étaient sur la liste d'attente du service depuis longtemps. Comme ces patients, des centaines d'autres attendent désespérément leur tour. «Plus de 300 personnes gardent toujours l'espoir de trouver un jour un donneur qui va leur rendre la vue», explique le professeur Nouri. Contrairement à ce que pense une grande majorité de personnes, la religion n'interdit pas le prélèvement et l'implantation d'organes humains. Les autorités religieuses, dans la majorité des pays musulmans, sont en effet unanimes à dire que le prélèvement et le don d'organes sont licites. Mais ce sont les mentalités qui freinent le progrès dans ce domaine. «Les Algériens ne veulent pas changer. Donner un organe, prélevé sur un mort, est pratiquement (impensable) chez le peuple algérien qui considère cela comme une atteinte à l'honneur de la famille et une mutilation du défunt…»