Réalisme n Le film marocain A Casablanca les anges ne volent pas a été projeté, hier, mercredi, à la salle El-Mougar. Cette projection entre dans le cadre de la semaine culturelle marocaine qui se tient à Alger jusqu'au 23 mai qui, elle, s'inscrit dans la manifestation de «Alger, capitale de la culture arabe». Réalisé par Mohamed El Asli, le film revêt un caractère social. Il raconte l'histoire de Saïd séparé de son village et des siens. Exilé à Casablanca, il travaille dur pour pourvoir aux besoins de sa famille. Un jour, il reçoit une lettre dans laquelle il lui est demandé de rentrer à la maison… Le film dévoile le vécu de ceux qui quittent leur village pour les grandes villes à la recherche d'un travail, une situation que ces déracinés vivent comme un exil, une séparation, une déchirure. Etrangers dans leur propre pays, car loin des leurs, ils sont en proie à l'appétence matérielle et la détresse sociale parce qu'ils prennent conscience qu'ils ne peuvent pas se réaliser. Le réalisateur présente dans ce long métrage deux espaces bien distincts l'un de l'autre : le premier est l'espace rural, un lieu où le dénuement social est criant, le second est l'espace urbain ; dans l'un comme dans l'autre la vie se révèle très difficile. Dans la campagne, point d'avenir pour les jeunes, dans la ville l'ascension sociale s'avère laborieuse, parfois impossible. La ville, alléchante mais perverse, fait rêver ces jeunes qui n'aspirent qu'au devenir. Elle leur fait perdre tout sens de la réalité et de la raison. Ils en sont obnubilés. Ainsi, le réalisateur a investi sans complaisance et en toute objectivité le monde de l'exil et de l'exode. Il a réussi à compiler une multitude des scènes aussi cruelles que la réalité qu'elles racontent, d'ailleurs le titre choisi pour ce film est à plus d'un titre révélateur de son contenu. Par ailleurs, le film évoque, en filigrane, des maux qui affectent la société marocaine comme la corruption, l'inégalité sociale, l'absence d'avenir pour les jeunes… Mohamed El ssli présente alors un Maroc parfois archaïque et malade de ses inégalités entre le dénuement des villages et l'opulence de la ville. Le film donne, à première vue, l'impression d'un cours monotone tant l'action n'est pas relevée et accentuée par des mouvements et des rebondissements. Il y a absence de dynamique. Il se trouve que c'est le vécu de ces jeunes qui ne peuvent pas s'accomplir et s'inscrire dans l'action sociale tel qu'il est dans la réalité qui est racontée dans le film. Il est à souligner, d'autre part, que la cinématographie marocaine se rapproche de celle de l'Algérie et dans le choix thématique et dans la manière de réaliser – d'un point de vue cinématographique – le sujet en question. Et contrairement à la cinématographie tunisienne qui s'emploie à véhiculer une image idyllique de la Tunisie, une Tunisie colorée et chatoyante où tout est beau et propice à la rêverie notamment à travers le décor, la cinématographie marocaine, en revanche, s'applique à montrer et à dire la réalité, réalité souvent vive, brutale et abrupte.