Scrutin n La troisième législature pluraliste vient de consacrer les trois pôles de l'alliance présidentielle dans un rendez-vous fortement boudé par les électeurs. Les chiffres officiels annoncés, hier, vendredi, à l'hôtel El-Aurassi par Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, donnent la victoire au FLN de Belkhadem qui, même en perdant quelque 38 sièges par rapport à 2002, arrive en tête avec 136 sièges sur un total de 389 sièges. Loin derrière, le RND de Ahmed Ouyahia dispose de la deuxième place avec 61 sièges tandis que le HMS de Abou Djerra Soltani, crédité de 52 sièges, arrive en troisième position. Les deux partis ayant gagné chacun 14 sièges au total. Dans sa grille de lecture par rapport au taux de participation relativement bas, Zerhouni trouve que «les citoyens ne se reconnaissent pas dans des formations qui manquent de stratégie de redéploiement par rapport aux nouvelles donnes de la vie politique en Algérie». Le ministre de l'intérieur n'exclut pas de ce fait «l'idée de revoir à l'avenir la Loi sur les partis et les associations pour la faire adapter à la réalité du terrain» non sans insinuer que les formations ayant réalisé de très maigres résultats durant cette élection pourraient bien encourir le risque de disparaître carrément de l'échiquier politique. A propos des cas de fraudes signalés et des urnes bourrées, Zerhouni réfute l'idée selon laquelle la fraude aura été à grande échelle et parle plutôt de cas «anodins» sans pratiquement «aucune incidence», comme «les quelques bulletins RCD qui circulaient dans certaines régions de la Kabylie bien avant l'ouverture des bureaux». Le ministre, tout en s'opposant, ainsi, à Saïd Bouchaïr, président de la Cpnsel qui, la veille, a saisi le président de la République par écrit sur une histoire de «fraudes sans précédent». «Je pense qu'on a profité de la bonne foi de Saïd Bouchaïr pour lui donner des informations totalement erronées.» «Les seuls vrais cas de dépassements ont eu lieu dans trois bureaux à Rouiba où des dizaines d'enveloppes ont été placées dans des urnes vides avant le début du scrutin au profit d'un parti donné.» En terme des performances, la palme revient incontestablement aux indépendants (33 sièges) et ensuite au Parti des travailleurs de Louiza Hanoune qui a obtenu, surtout grâce au charisme de sa présidente, une bonne cinquième place durant ce scrutin avec 26 sièges. Contrairement aux partis à l'influence locale, cette formation politique qui fait sienne le combat anti-privatisations, avec Temmar et Khellil comme têtes de Turc, aura charmé, selon bon nombre d'observateurs, par les discours virulents que préfère une grande partie du gisement électoral. «Des partis incapables de s'adapter» l Yazid Zerhouni a expliqué l'abstention à grande échelle ayant marqué cette élection législative par l'incapacité des partis politiques de s'adapter aux profondes mutations socio-économiques et aux nouvelles mœurs politiques. «Nous constatons chaque jour de profonds changements au sein de la société mais malheureusement, l'élite politique ne suit pas ces changements avec la même cadence», a-t-il évoqué. Le ministre de l'Intérieur, qui a loué les mérites de la transparence et le respect des libertés des citoyens, est allé même jusqu'à proposer de revoir la loi régissant les partis politiques, une loi qui contribue plus à l'éparpillement des partis, et ce à l'effet d'éviter les défaillances enregistrées lors des opérations électorales. «Il est maintenant du ressort de la nouvelle composante de l'APN, de faire des propositions, en mesure d'adapter cette loi aux nouvelles réalités», a conclu Zerhouni.