La classe politique n'a pas su répondre aux aspirations du peuple, ni sur le plan du discours ni au niveau des actions menées sur le terrain. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, tient les partis politiques algériens pour responsables dans la grande démobilisation des électeurs, le jeudi 17 mai. «Pour moi, le taux de 35,65% ne traduit par un désintéressement chez les citoyens pour l'action politique. Bien au contraire, cela prouve que l'Algérien est devenu plus exigeant et espère que l'approche politique s'adapte d'une manière plus concrète aux mutations auxquelles fait face le pays», a-t-il déclaré, hier, lors de la conférence de presse tenue à l'hôtel El Aurassi. Il a fait savoir, à ce propos, que la classe politique n'a pas su répondre aux aspirations du peuple, ni sur le plan du discours ni au niveau des actions menées sur le terrain. Pour lui, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un vote sanction. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a souhaité que soit révisée la loi régissant les partis politiques, pour éviter les défaillances enregistrées lors des opérations électorales. Il a reconnu que «la loi régissant les partis ou les associations politiques contribue à l'éparpillement des organisations politiques». Les résultats des troisièmes élections législatives plurielles en témoignent, puisque plusieurs «petits partis», méconnus dans un passé très récent, ont pu gagner des sièges à l'APN. Zerhouni a renvoyé la balle à la prochaine législature, invitée à faire des propositions, en mesure d'adapter ce texte «aux nouvelles réalités, en Algérie.» Le représentant du gouvernement a voulu, tout au long de cette rencontre, justifier le fort taux d'abstention. Il a donné, dans ce contexte, sa propre lecture des résultats, en tenant tantôt à réduire l'ampleur du gâchis, tantôt à en déceler les «véritables causes». Zerhouni affirme que les législatives, partout dans le monde, ne drainent pas beaucoup d'électeurs. Citant l'exemple de l'Italie qui a enregistré un taux de participation «pratiquement identique au nôtre.» Aux Etats-Unis, une référence dans le régime électoral, «ce taux ne dépasse jamais les 40%». Autrement dit, «nous sommes dans les normes.» Le chiffre de 35,65%, qui est un taux «respectable», témoigne de «la grande maturité politique» des Algériens qui ont eu «l'entière liberté» de faire leur choix. Ce qui est sûr néanmoins, de l'avis du conférencier, c'est que la quasi-majorité des Algériens, qui a boudé les urnes, n'avait pas obéi aux appels de boycott lancés par les partis, encore moins ceux des courants extrémistes, représentés pas des dirigeants de l'ex-FIS ou encore par le groupe dit «Al Qaîda au Maghreb.» «Ce dossier est clos pour nous. C'est vrai que la réconciliation nationale est clémente, mais il y a des choses qu'on ne peut pas oublier.» En communiquant les résultats préliminaires des élections législatives, le ministre de l'Intérieur s'arrête particulièrement sur le nombre de bulletins nuls qui frise le million (961.751). Là aussi, il positive la donne, en estimant que cela traduit «l'attachement de ces électeurs à la démarche politique du pays et à la consolidation du système électoral. Il classe ses 961.751 électeurs dans la catégorie des Algériens qui rejettent la violence en défiant les appels de boycott mais qui «malheureusement n'ont pas trouvé, parmi les candidats, celui qui cadre le mieux avec leurs aspirations.» Le président de la Commission nationale politique de surveillance des élections législatives a agi sur la base «d' informations erronées» a attesté hier, le ministre de l'Intérieur. Apostrophé sur la lettre adressée, jeudi, par M.Saïd Bouchaïr au président de la République et dans laquelle il fait état de «graves irrégularités» entachant l'opération électorale, il affirme que ce dernier qui «s'est empressé d'annoncer des dépassements, avait présenté ses excuses, et indiqué que les cas enregistrés étaient isolés et n'avaient aucune incidence de taille sur les résultats du scrutin». Bouchaïr a été donc «induit en erreur» de l'avis de Zerhouni, qui assure la presse nationale et internationale que le scrutin, bien au contraire, s'est déroulé dans «de très bonnes conditions» et «dans la transparence et le respect des libertés des citoyens.» Zerhouni a rendu hommage à l'administration et témoigne que ses élections ont montré «l'efficacité et le sérieux», des garanties et des procédures qui ont été mises en place après la modification de la loi électorale, promulguée par ordonnance du président de la République en 2003. Zerhouni bannit le mot «fraude» et préfère parler «d‘erreurs» signalées dans quelques bureaux de vote, qui ne dépassent pas le stade «des actes isolés». C'est le cas à Rouiba, où certaines urnes étaient déjà remplies d'enveloppes avant l'amorce de l'opération électorale. Cette situation a «été rectifiée sur place». Une plainte a été déposée auprès de la justice contre les trois présidents de bureau, qui ont été relevés de leurs fonctions. Zerhouni a tenu à décharger les partis accusés par M.Bouchaïr de cette responsabilité, le FLN en tête: «il s'agit d'une manipulation qui n'a rien à voir avec les partis censés bénéficier de cette situation.» C'est le cas aussi à Tizi Ouzou où la Commission de surveillance a signalé la circulation de bulletins de vote RCD en dehors des bureaux: «Cela ne peut profiter qu'a ceux ayant pour objectif de semer le doute sur le déroulement du scrutin.» Parmi les autres mesures prises par l'administration, Zerhouni évoque «la destruction des bulletins entachés d'irrégularités, la consignation des faits sur les procès- verbaux».