Le verdict vient de tomber quant aux résultats de l'élection présidentielle algérienne. Abdelaziz Bouteflika est réélu pour la troisième fois consécutive à la magistrature suprême, avec un pourcentage record dans l'histoire d'élection présidentielle en Algérie depuis le multipartisme. Un chiffre qui dépasse tous les pronostics. Il a eu 12.911.705 de voix, soit une majorité de 90,24 % des suffrages exprimés lors du scrutin. C'est ce qu'a annoncé, hier à Alger, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni. En effet, suite à une campagne électorale intense, marquée par la modernisation et le renforcement des méthodes de sensibilisation et de séduction de l'électorat, le candidat à sa propre succession a réussi à battre haut la main les cinq autres prétendants à la magistrature suprême. Louisa Hanoune arrive en deuxième position avec 4,22% des suffrages, est-il précisé. Viennent ensuite Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA, nationaliste) avec 2,31%, Djahid Younsi (El Islah) qui obtient 1,37% des voix, puis Ali Fawzi Rebaïne (AHD-54) avec 0,93% et enfin Mohamed Saïd crédité de 0,92%. Ces résultats sont donnés "sous réserve de leur confirmation par le Conseil constitutionnel", a précisé M. Zerhouni. Elu à l'élection présidentielle anticipée d'avril 1999, réélu, le 8 avril 2004, avec près de 85% des voix, Abdelaziz Bouteflika était, selon les analystes et les observateurs, le grand favori de cette élection. M. Bouteflika a bénéficié d'un vaste soutien des partis de l'Alliance présidentielle, des associations patronales, la société civile, la Centrale syndicale, des organismes nationaux ainsi que des comités de soutien qui ont accordé leurs violons afin de mener une campagne moderne, intense et particulièrement proche du citoyen. Il est utile de rappeler que grâce à ces efforts consentis à la tête de la magistrature suprême du pays durant ses deux mandats précédents que l'Algérie a connu une avancée significative touchant la totalité des secteurs. Après dix ans d'efforts soutenus sur plusieurs fronts, le Président Bouteflika peut se targuer d'avoir assumé l'essentiel de ses engagements électoraux de 1999 et 2009. Il a pu parvenir à lancer des processus de développement socioéconomique, la restauration de la paix et s'est également attelé à rompre l'isolement de l'Algérie qui faisait l'objet d'un véritable embargo international. Cap sur le prochain programme quinquennal Durant la campagne électorale, le Président candidat a annoncé un bon nombre de promesses ambitieuses. En matière de dépenses publiques, l'équivalent de 150 milliards de dollars sont prévus durant le prochain quinquennat pour poursuivre la réforme dans plusieurs secteurs. Une part non négligeable du montant sera engagée au titre des dépenses publiques, qui accompagneront la mobilisation du capital privé national et de l'investissement extérieur. 1000 milliards de DA seront consacrés pour une progression vers la sécurité alimentaire du pays, à travers l'appui à l'agriculture. 200.000 PME et 3 millions de postes d'emploi seront créés. Un million de logements seront livrés pendant les cinq années à venir. Le candidat promet aussi de réduire un tant soit peu le recours aux ressources financières étrangères pour financer le programme de développement et évoque la rationalisation des dépenses dans le cadre de la crise financière. La poursuite de la lutte contre le terrorisme tout en laissant les portes ouvertes à ceux qui souhaiteront rejoindre la société. Œuvrer pour la promotion de droit de la femme…etc. C'est en somme ce qui pourrait expliquer sans doute la majorité écrasante par laquelle le candidat est réélu. Dressant le bilan de la campagne électorale, M. Abdelmalek Sellal, dans une conférence tenue récemment, a indiqué que la direction de campagne du président-candidat a voulu faire un travail de proximité. A ce sujet, il a fait état de l'ouverture de 12.659 permanences de campagne à travers l'ensemble du territoire national, soit, a-t-il dit, trois fois plus qu'en 2004. Il a ajouté que 2 878 meetings, en tout, ont été animés au niveau national et 27 943 activités de proximité en faveur du candidat Bouteflika ont été organisées par des partis politiques, des organisations de masse et des associations de la société civile. Revenons à la conférence, et selon Zerhouni, le nombre d'électeurs inscrits s'élève à 20,6 millions d'électeurs, dont 941.455 établis à l'étranger. Le taux global de participation au scrutin a atteint 74,54%. Le nombre de votants est de 15 351 305. Le nombre de bulletins nuls a atteint 1 420 727. Après avoir qualifié le scrutin du 9 avril d'une victoire de la volonté, Yazid Zerhouni a ouvert le débat aux journalistes, présents en force à la salle des conférences de l'hôtel El Aurassi. Pour ce qui est du taux de participation qualifié de "surprise" par un bon nombre d'observateurs, le ministre de l'Intérieur s'est longuement étalé sur ce point. Selon lui, le taux global de participation au scrutin atteignant 74,54%, est le fruit du travail de sensibilisation de longue haleine pour lequel les autorités ont mobilisé tous les moyens humains, matériels et techniques nécessaires fin d'illustrer la portée de cette élection et dans le souci d'aligner les conditions optimales permettant aux Algériens de se déplacer le jour " J " aux bureaux de vote. Il citera, à cet effet, tant d'indicateurs illustrant l'intérêt apporté par les citoyens audit scrutin, à l'instar des opérations du porte-à-porte, qui, selon lui, ont eu de grands échos. Le nombre de citoyens qui ont pris l'initiative de se présenter aux services concernés, en vue de porter les corrections et les réajustements de leur statut électoral. Sur ce point, le ministre avancera le chiffre de plus de 180 000 cas. Le nombre de participants aux divers meetings et rencontres de proximité, organisés dans le cadre de la campagne électorale, a atteint plus de 2 millions de personnes, etc. "Peut-être, c'est pour ces raisons que le peuple a massivement voté", a indiqué le ministre, tout en ajoutant que cela prouve aussi que le peuple algérien est en train de vivre un changement radical". Fraude : "Nul n'a rapporté de faits précis" Répondant à une question concernant les accusations émanant des autres candidats par rapport, notamment, au gonflement du taux de participation, le bourrage des urnes, Zerhouni a affirmé que "je dois dire que de toutes ces "allégations", personne ne nous a apporté des faits précis et concrets. Il leur a été demandé d'établir des procédés au recours réglementaire devant la commission indépendante de surveillance. Ils ont aussi toute la latitude qui est prévue par la loi électorale et les dispositions règlementaires de présenter leurs contestations au Conseil constitutionnel". "Si nous considérons la liste des bureaux de vote qui ont été cités par ces candidats et si nous prenons le nombre d'électeurs inscrits dans ces bureaux de vote, la totalité des voix qui auraient été détournées représente réellement une quantité négligeable. C'est par rapport au 20 500 000 inscrits sur les listes électorales… s'il y a eu des dépassements ça n'a vraiment pas d'influence sur le résultat", a-t-il ajouté. En outre, Yazid Zerhouni a évoqué un chiffre compris entre 5 et 6 milliards de dinars, soit plus de 60 millions d'euros pour estimer le coût de la campagne électorale des six candidats. M. Zerhouni a affirmé qu'"une aide conséquente, suffisante et identique" a été attribuée par l'Etat à tous les candidats. Outre l'accès équitable aux différents médias lourds (TV et radios), les candidats ont bénéficié gratuitement de salles pour les meetings. "L'Etat a également octroyé à chaque candidat six billets d'avion gratuits pour leur déplacement à l'intérieur du pays", a-t-il ajouté. Les six candidats ont, en outre, reçu chacun 15 millions de dinars pour les menues dépenses durant la campagne électorale. Evoquant le chapitre sécuritaire, le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'un policier a été tué et cinq membres des forces de sécurité blessés jeudi dans des attentats destinés à perturber le déroulement de l'élection présidentielle. Selon lui, deux gendarmes ont été blessés dans l'explosion d'une bombe au passage de leur véhicule dans la région de Tébessa. Il a également indiqué qu'un militaire a été blessé dans un attentat à la bombe dans la région de Skikda. Selon le ministre, un autre soldat a été blessé dans un accrochage entre une patrouille de l'armée et un groupe de "criminels" à Aïn El-Hammam, près de Tizi Ouzou, en Kabylie. M. Zerhouni a ajouté qu'un policier, assurant la sécurité d'un bureau de vote, a été blessé par le lancement d'un cocktail molotov, près de Naciria, dans la région de Boumerdès. Le ministre a, par ailleurs, accusé les "gens du boycott" de saccager des bureaux de vote. Hamid Mohandi