Réinsertion n 7 500 détenus vont subir aujourd'hui, lundi, des examens d'aptitude et de niveau, organisés par l'Office national de l'enseignement et de la formation à distance. Ces prisonniers ont décidé de fournir un effort pour s'ouvrir un petit peu plus les portes de la réinsertion sociale et éviter ainsi de retomber dans le piège de la récidive. «Nous considérons l'enseignement comme un moyen de réinsertion sociale et de préparation à la libération. Chaque année, un nombre important de détenus qui ont réussi à obtenir leur bac a bénéficié de liberté conditionnelle et intégré les bancs des universités», déclarait M Mokhtar Felioun, directeur général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion sociale au ministère de la Justice, ce matin sur les ondes de la Chaîne III. Conscient des difficultés que rencontre cette frange de la société, qui a certes commis des fautes dans son parcours mais dont elle a payé le prix, à trouver un emploi une fois libérée, l'intervenant fait savoir que «nous sommes en train de travailler en collaboration avec les ministères de l'Emploi et de la Solidarité nationale, du Travail et de la Sécurité sociale et celui de la Formation professionnelle pour que les détenus qui suivent une formation professionnelle ou qui obtiennent un diplôme bénéficient de différents dispositifs mis en place par l'Etat. Sur ce volet, l'année dernière nous avons eu des résultats encourageants même si nous n'avons pas atteint nos objectifs. Plus de 600 détenus ont pu avoir un emploi après leur libération.» Ces résultats restent en-dessous des attentes, de l'aveu même du responsable. Le premier obstacle rencontré par le détenu une fois libéré quant à obtenir un emploi reste le regard de l'autre. Peu de gens sont en effet prêts à faire confiance à un ancien prisonnier et à lui donner du travail. «Certaines entreprises privées refusent d'employer un détenu quand il a un casier judiciaire. Même un détenu qui voulait créer son petit commerce, on le lui a interdit parce qu'il avait une condamnation sur son casier judiciaire, alors qu'il y a une ordonnance de loi de 1972, qui interdit à tout employeur de refuser une demande d'emploi parce que le demandeur a un casier judiciaire. Le principe selon lequel chaque détenu a déjà payé sa dette à la société, et les mentions portées sur le casier judiciaire établi par la loi de 1972, devraient donner uniquement à l'employeur la latitude d'apprécier l'emploi qu'il devrait confier au postulant. C'est à dire quelqu'un qui a été condamné pour escroquerie, on ne peut pas lui confier un poste de comptabilité», explique le directeur général de l'administration pénitentiaire en rappelant que la loi de 1972 est toujours en vigueur. «Chaque citoyen qui se voit refuser un emploi compte tenu des mentions qui sont portées sur le casier judiciaire devrait aller à la justice et demander des dommages et intérêts.» Revenant sur les mesures prises dans les centres de détention en faveur de la réinsertion des détenus, le responsable dira : «Il y a plus de 6 000 détenus qui suivent des formations professionnelles dans les différentes spécialités. Plus d'autres activités culturelles, et de loisirs qui sont organisées à l'intérieur des établissements pénitentiaires . Des activités assurées et encadrées soit par des enseignants détachés des services de la jeunesse et des sports ou du ministère de la Formation professionnelle. Et même de la société civile.» Le taux de récidive en Algérie reste «réduit» en comparaison avec les pays , entre autres européens où il avoisine les 70%. Pour l'Algérie, ce taux se situe entre 42 et 43%. Avec une population carcérale de quelque 53 000 détenus.