Patrimoine n La dinanderie qui avait prospéré dans plusieurs ville du pays principalement à Alger, Constantine et Tlemcen, est devenue aujourd'hui un métier de plus en plus rare. Avec les mutations socio-économiques que connaît le pays, la société algérienne a changé ses habitudes de consommation et la famille qui préférait, autrefois, décorer son foyer d'ustensiles en cuivre fabriqués à la main, opte pour des produits plus à la mode. Face à ces mutations, certains dinandiers se battent contre vents et marées pour la survie de leur métier qui, dans un passé récent, faisait l'objet d'une forte demande de la part des Algériens. El-Hachemi Benmira, l'un des pionniers des dinandiers à la Casbah et les professeur Idriss Zoulou, descendant d'une famille qui a hérité ce métier de père en fils, sont parmi ceux qui défendent leur métier en dépit de toutes les difficultés. Dans les locaux de Zoulou à Bab El-Oued et de âmmi El Hachemi à la Casbah, trônent encore des ustensiles en cuivre que seules les mains habiles de dinandiers formés par de grands maîtres savent créer. Occupant un local ne dépassant pas les 5 m2 depuis plus d'une trentaine d'années à la Casbah, âmmi El-Hachemi a confié que les ustensiles en cuivre étaient très prisés par les familles algériennes, car constituant les principaux éléments du décor de leurs foyers. Il a ajouté, dans se sens, que parmi les objets en cuivre les plus demandés, figurent la meïda en cuivre ou s'ni (petite table basse), les âchaouatt (grands plats pour les fêtes), el-mahbes (articles pour bain maure), des coffrets à bijoux et la célèbre théière. La dinanderie, a-t-il tenu à préciser, ne se limitait pas à la décoration intérieure des foyers, mais il s'agissait d'un métier à part entière dont les produits étaient utilisés par les Algériens dans beaucoup de domaines. El Hachemi Benmira a rappelé qu'avant les années 1990, pas moins de huit artisans travaillaient avec lui dans son local exigu, ajoutant que 15 dinandiers «sont décédés emportant avec eux leur métier». Par ailleurs, soulignant la cherté de la matière première qui n'est pas disponible sur le marché et dont «le prix est de 950 DA le kg», premier obstacle entravant l'activité des dinandiers à Alger, M. Zoulou affirme qu'il achète le cuivre à Constantine au marché noir, indiquant que les prix restent au-dessus des moyens des artisans. La réalisation d'une pièce en cuivre nécessite plusieurs matières qui coûtent trop cher, devant cet état de fait, le dinandier se voit dans l'obligation de réduire sa production, d'où le recul de ce métier dont les plus petits produits coûtent 500 DA, alors qu'il faut débourser 3 000 DA pour les plateaux gravés et entre 1 600 et 2 000 DA pour les théières. Face à cette situation, les dinandiers d'Alger dont le nombre se compte sur les doigts d'une main, ont souligné la nécessité d'ouvrir plusieurs concours durant l'année au profit de jeunes créateurs en vue de développer leurs métiers a souligné M. Zoulou qui a estimé, que les vrais artisans ne sont pas ceux qui possèdent une carte, mais ceux qui savent réaliser des œuvres grâce à l'habileté de leurs mains.