Artisanat n Le tapis traditionnel, actuellement honoré et ce, par l'organisation d'un salon national, a longtemps fait la réputation de la cité des Zianides en constituant une ressource vitale pour des milliers de familles. «La tapisserie artisanale constituait pour la plupart des jeunes filles dans les années 1970, l'école de leur vie», a souligné une ancienne apprentie du métier à tisser, précisant que «dès son jeune âge, la jeune Tlemcénienne devait se familiariser avec le métier à tisser et se forger une profession». Subissant de plein fouet les répercussions négatives du développement de l'industrie manufacturière, la tapisserie, à l'instar d'autres métiers traditionnels ayant prospéré à Tlemcen comme la dinanderie, le cuir, la sculpture sur bois, a connu cependant une baisse drastique d'approvisionnement en matières premières et perdu sa précieuse main-d'œuvre spécialisée, féminine particulièrement, estiment les professionnels du secteur. Cette profession très répandue dans la ville de Tlemcen et ses bourgs périphériques a même inspiré l'enfant du pays, le défunt romancier et écrivain Mohammed Dib qui lui consacra un ouvrage intitulé le métier à tisser à travers lequel il décrivit les conditions sociales insoutenables de la misère qui rongeait les populations indigènes sous l'occupation coloniale française. La tapisserie constituait aussi le gagne-pain de centaines de familles tlemcéniennes qui disposaient dans leurs foyers, de métiers à tisser qui, aussi rudimentaires soient-ils, ont toujours permis aux femmes de tisser des tapis d'une rare beauté susceptibles de rivaliser qualitativement avec ceux des meilleurs tisserands. Ces femmes sont devenues, à la longue, de véritables artisans, achetant leur laine au souk «el ghzal» (laine filée), au centre de la vieille médina de Tlemcen et livrant leur production aux marchands de tapis. Après l'indépendance, l'artisanat est devenu florissant à la faveur de l'abondance d'une main-d'œuvre jeune et qualifiée induisant ainsi un véritable un essor qui s'est traduit par l'exportation à partir de Tlemcen durant les années 1960 et 1970, entre 350 000 et 450 000 m2 de tapis. Ce créneau générait, à cette époque, pas moins de 15 000 postes d'emploi féminins en plus des emplois indirects (collecte et préparation de la laine et teinture). Le déclin des métiers à tisser ne tarda pas à «apparaître» au fur et à mesure que l'industrialisation prenait de l'ampleur, en plus des problèmes liés à l'approvisionnement en matières premières et de l'absence de débouchés pour la commercialisation et l'écoulement de ce produit ainsi que l'arrivée sur le marché local du tapis manufacturé. Le dépérissement de cette activité ancestrale a donné lieu également à la fermeture de l'unique centre d'estampillage des tapis existant à Tlemcen en 1988 et dont le rôle principal était de veiller au contrôle de la qualité des tapis exportés vers l'étranger, notamment vers l'Allemagne et la France.