Avis n Il n'est pas nécessaire qu'une loi électorale soit à chaque fois modifiée, estime un professeur de droit. C'est à la classe politique de s'exprimer sur le sujet en fonction des arguments des uns et des autres, précise-t-il. Qu'est-ce qui doit être changé ? La proportionnelle qui avantage les petits partis politiques et qui leur permet, même avec deux sièges, d'accéder au Parlement ou alors le scrutin majoritaire à deux tours de sorte que ce mode favorise l'émergence de grands partis ? Argumentation à l'appui, Walid Lagoune, professeur de droit à l'Université d'Alger, estime que «cela n'est pas un débat de juristes. Mais plutôt un débat national sur lequel la classe politique devra s'exprimer». La grande explication sur le mode de scrutin est «un débat classique», a-t-il ajouté ce matin sur les ondes de la Chaîne III, tout en faisant le constat sur le bouillonnement relatif au mode de la proportionnelle «controversé» depuis les législatives 2007, avec comme corollaire un fort taux d'abstention. «Certains contestent et attirent l'attention sur le caractère très relatif de la proportionnelle, parce qu'elle entraînerait l'atomisation et l'émiettement de la vie politique», a-t-il reconnu. Mais pour qu'un Parlement soit beaucoup plus actif et beaucoup plus incisif, le juriste qui reconnaît «le déclin du parlementarisme en Algérie depuis 1963», date des premières élections, pense qu' «il faut s'orienter vers de grandes formations politiques, présentes et pesantes sur l'échiquier politique national», à l'opposé du mode de scrutin des listes proportionnelles, tel qu'il est adopté aujourd'hui, et qui donne une large représentativité aux petites formations. Dans la foulée, le juriste pense que les Algériens gardent une relation assez complexe avec tout ce qui a trait au Parlement. «Durant la dernière campagne, ils ont eu plus droit à des monologues qu'à de vrais programmes qui répondent à leurs aspirations.» Pis encore, les discours prononcés «dépassaient de très loin les prérogatives et attributions du Parlement». C'est sans doute la raison pour laquelle on trouve plus d'Algériens qui votent lors des présidentielles ou des locales que lors des législatives, et c'est de là qu'il faut commencer avant de faire une quelconque lecture du pourquoi de l'abstention», a-t-il argumenté. L'intervenant pense aussi qu'il est possible d'établir un rapport entre le mode du scrutin et l'abstention : «Si on doit trouver un lien entre la loi électorale et l'abstention, peut-être faudrait-il discuter du scrutin des listes. Faut-il maintenir ce mode de scrutin ou alors aller vers une liste uninominale c'est une question qui mériterait d'être discutée ?», s'est-il interrogé tout en reconnaissant que les partis politiques sont aujourd'hui unanimes «à vouloir faire amender la loi électorale pour améliorer davantage l'action politique». Pour le volet technique, et comme toute loi organique, la loi électorale requiert, entre autres, de l'avis de M Lagoune, une majorité absolue, comme l'a été la loi 1997, du reste, contestée au sortir des élections du 17 mai dernier.