Claquemuré dans une petite chambre au deuxième étage d'un presbytère à Montréal, sa cécité camouflée par des lunettes à verres fumées, Abdelkader Belaouni a trouvé asile depuis un an et demi dans un sanctuaire chrétien pour échapper à un ordre d'expulsion vers l'Algérie. «Je suis victime de discrimination pas parce que je suis Arabe, mais parce que je suis aveugle», se plaint-il d'une voix douce. «Kader» n'a pas franchi les portes de l'église Saint-Gabriel, dans un quartier populaire de Montréal, «depuis 523 jours», assure-t-il. Las de «vivre dans le sang», il quitte l'Algérie en 1996 d'abord pour les Etats-Unis un visa de touriste en main répondant sans doute à l'appel du rêve américain. Après les attentats du 11 septembre 2001, il quitte les Etats-Unis et au printemps 2003, Abdelkader Belaouni dépose une première demande d'asile au Canada pour motif humanitaire, puis une seconde rejetée elle aussi. Les autorités refusent une première fois parce qu'il n'a pas de travail. «Ils pensent que je suis un fardeau», déplore Abdelkader. Le second rejet sera justifié par la fin de la violence en Algérie. «Le système d'immigration ne fonctionne pas pour moi. Je pourrais faire 100 000 demandes qu'elles seraient toutes rejetées. Vraiment, je n'ai plus d'espoir», se désole Abdelkader. Pourtant, des groupes sociaux, de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International, et des politiques militent en faveur de sa régularisation. Cette nouvelle famille lui fournit téléphone, nourriture, médicaments et la visite d'un médecin. Car l'Algérien de 40 ans est aussi diabétique.