Résumé de la 9e partie n Le procureur Katzmann veut pousser Vanzetti à parler de ses activités anarchistes. L'homme le fait et parle de tracts qu'il a distribués le jour du hold-up. Mais il n'y a pas que les activités ou les sympathies anarchistes de Sacco et Vanzetti à mettre en relief. Il y a pire aux yeux de l'opinion américaine et donc des jurés qui la représentent. — Monsieur Sacco et vous aussi, monsieur Vanzetti, dites-nous où vous étiez en 1917, au moment où les Etats-Unis s'engageaient dans la guerre en Europe. L'avocat de la défense, Me Moore, fit objection. — Est-ce important pour l'affaire ? — Oui, dit Katzmann, c'est même primordial ! L'objection est donc rejetée et Sacco et Vanzetti sont obligés de répondre à la question : ils étaient au Mexique voisin. — Vous vous êtes sauvés des Etats-Unis, dit Katzmann. Comme les deux hommes ne répondent pas, il continue : — Vous vous êtes sauvés pour ne pas être mobilisés et envoyés à la guerre ? Vous ne vouliez donc pas servir le pays qui vous a accueillis ? Vanzetti répond : — Ce n'est pas par refus de rendre service à ce pays que je n'ai pas voulu aller à la guerre, mais parce que je n'aime pas la guerre. J'aurais fait la même chose si j'étais resté en Italie ! Sacco fait la même réponse. Le juge lui demande des explications. — C'est cela votre façon de rendre service à ce pays : fuir au moment où il a besoin de vous ? Sacco lance quelques mots, mais il parle mal l'anglais et il ne trouve pas les mots qu'il faut pour s'expliquer. Si on le laissait s'exprimer en italien, il donnerait des arguments, mais il faut répondre dans la langue du pays. — Répondez ! dit Katzmann de sa voix de stentor. — Oui ! dit Sacco. C'est le seul mot qu'il trouve et il va le répéter aux autres questions. Dans la salle, quelques jurés expriment leur désapprobation : Sacco est en train de dire qu'il trouve normal de ne pas servir son pays d'accueil ! Katzmann jubile : il a obtenu ce qu'il voulait, dresser les jurés contre les accusés, et par-delà le jury, l'opinion publique américaine. Un journal va résumer, dès le lendemain, ce que pense cette opinion, du moins une partie d'entre elle : «Voilà des gens qui crevaient de misère dans leur pays et que l'Amérique reçoit à bras ouverts : il est prouvé, aujourd'hui, que ces gens ne sont là que pour manger le pain de l'Amérique, pas pour la défendre quand elle est en danger !» On approche de la fin du procès. L'avocat de la défense prononce sa plaidoirie. Celle-ci, qui insiste sur des détails insignifiants, est, de l'avis des chroniqueurs de l'époque, plate et sans intérêt. Katzmann, lui, est plutôt incisif et il sait trouver les mots qu'il faut pour accabler les accusés. Le 14 juillet, le jury se retire pour délibérer. (à suivre...)