Résumé de la 17e partie n La défense produit des témoins qui prétendent apporter des informations qui disculpent les accusés. Mais ces témoignages sont peu convaincants. Le procureur Katzmann est irrité par ce type de témoignage. Au cours d'une autre audience, Vanzetti, sur les conseils de son avocat, se met à parler de ses activités politiques. — Le jour du hold-up, dit-il, j'étais occupé à déménager des tracts… — Des tracts ? demande le procureur. De quel type de tracts s'agit-il ? Il veut le pousser à parler de ses activités d'anarchiste et Vanzetti tombe dans le panneau. Mais il n'y a pas que les activités ou les sympathies anarchistes de Sacco et Vanzetti à mettre en relief. Il y a pire aux yeux de l'opinion américaine et donc des jurés qui la représentent. — Monsieur Sacco, et vous aussi, monsieur Vanzetti, dites-nous où étiez-vous en 1917, au moment où les Etats-unis s'engageaient dans la guerre, en Europe ? L'avocat de la défense, Moore, fait objection ; — Est-ce important pour l'affaire. — Oui, dit Katzmann, c'est même d'une grande importance ! L'objection est donc rejetée et Sacco et Vanzetti sont obligés de répondre à la question : ils étaient au Mexique. — Vous vous êtes sauvés des Etats-Unis, dit Katzmann. Comme les deux hommes ne répondent pas, il continue : — Vous vous êtes sauvés pour ne pas être mobilisés et envoyés en guerre ? Vous ne vouliez donc pas servir le pays qui vous a accueillis ? Vanzetti répond : — Ce n'est pas par refus de rendre service à ce pays que je n'ai pas voulu aller à la guerre, mais parce que je n'aime pas la guerre. J'aurais fait la même chose si j'étais resté en Italie ! Sacco fait la même réponse. Le juge lui demande des explications ; — C'est cela votre façon de rendre service à ce pays : fuir au moment où il a besoin de vous ? Répondez ! Sacco lance quelques mots, mais il parle mal l'anglais et il ne trouve pas les mots qu'il faut pour s'expliquer. Si on le laissait parler en italien, il donnerait des arguments, mais il faut répondre dans la langue du pays. Répondez ! dit Katzmann de sa voix de stentor ; — oui ! dit Sacco. C'est le seul mot qu'il trouve et la seule réponse qu'il donnera aux autres questions. Dans la salle, quelques jurés expriment leur désapprobation : Sacco est en train de dire qu'il trouve normal de ne pas servir son pays d'accueil ! Katzmann jubile : il a obtenu ce qu'il voulait, dresser les jurés contre les accusés, et par-delà le jury, l'opinion publique américaine. Un journal va résumer, dès le lendemain, ce que pense cette opinion, du moins une partie. «voilà des gens qui crevaient de misère dans leur pays et que l'Amérique reçoit à bras ouverts : il est prouvé, aujourd'hui, que ces gens ne sont là que pour manger le pain de l'Amérique, pas à la défendre quand elle est en danger !» (à suivre...)