Résumé de la 5e partie n Quand éclate la guerre civile, Manuel est mobilisé. Dès qu'il est libéré, il se produit dans les arènes et s'affirme enfin comme torero. Son nom apparaît maintenant sur les affiches et, surtout, il est sur toutes les lèvres : Manuel Sanchez Rodriguez, qui devient très vite Manolete. On admire ses feintes, ses coups calculés, ses gestes gracieux… Oui, ce corps maigre et tordu comme du fil de fer a des gestes élégants qui ravissent le public. «Manolete !» En quelques années seulement, il va détrôner les plus grands toreros, devenir le sujet de conversation de tous les Espagnols amoureux de corridas et de taureaux, et on peut dire qu'à cette époque ils étaient très nombreux, autant ou plus que les passionnés de football aujourd'hui ! En six années, il va descendre dans l'arène 420 fois. 420 bêtes furieuses qu'il va combattre et dominer, au grand bonheur d'un public toujours nombreux et à chaque fois plus exigeant. Comme il le déclarera à plusieurs reprises, il ne se sent bien que dans l'arène d'une corrida, face à un taureau. Pour faire plaisir à ses admirateurs, il n'hésite pas à prendre les plus grands risques. Résultat : il lui arrive de prendre, de temps à autre, un coup de corne et de se faire évacuer. Mais rien de grave : il revient toujours au combat, plus fort, plus décidé que jamais ! Son courage et sa volonté de venir à bout des plus grands obstacles deviennent légendaires. Il est un exemple pour la jeunesse espagnole, notamment celle des quartiers pauvres, qui rêve, comme lui, de sortir de la misère. Le petit garçon famélique est bien sorti de la misère. Lui qui ne mangeait pas à sa faim et qui, pendant longtemps, a traîné de lourdes pierres pour gagner sa vie, est, maintenant, célèbre et riche. Il peut acheter tout ce qu'il veut, voyager… Il se rend même en Amérique et torée au Mexique, où il devient une vedette. Dans ce pays, on voudrait le retenir, on lui propose des contrats mirobolants, mais il retourne en Espagne où on le réclame. Et l'Espagne le fête comme il se doit. Les tribunes des arènes sont toujours pleines quand il torée. On vient de très loin pour l'applaudir. Les billets, mis en vente plusieurs jours à l'avance, sont rachetés au marché noir. Des gens sont prêts à payer n'importe quelle somme pour le voir toréer. Dans la belle biographie qu'il lui a consacrée, José Vicente Puente rapporte une anecdote édifiante. Alors qu'il effectue une éblouissante démonstration dans une arène de Madrid, la foule, admirative, retient son souffle. C'est alors qu'une voix, que tout le monde entendra, s'élève des gradins : «Mon Dieu, nous ne sommes pas dignes d'avoir parmi nous un tel homme, nous ne le méritons pas !» La salve d'applaudissements, qui a suivi cette déclaration venue du cœur, montre que le public partageait pleinement la réflexion. (à suivre...)