Bravoure n Les glorieux combattants des oasis des Ziban ont même usé de dattes en guise de munitions. Ces faits d'armes, qui mériteraient d'être inscrits en lettres d'or dans les manuels d'histoire, se sont multipliés à l'infini, du moins jusqu'au dernier souffle des glorieuses habitantes de l'Oasis aujourd'hui disparue. Près de deux siècles après leur avènement, on se surprend à vouloir situer cette bataille dans un contexte autre que le sien, juste comme cela, pour évaluer l'importance de la place qu'avait la femme dans la société à cette époque. Mais là n'est pas l'objet du témoignage. Revenons sur les lieux où se sont déroulés ces événements. Le principal meneur de cette résistance qui s'est soldée, rappelons-le, par un génocide côté algérien et une débâcle sans précédent dans les rangs de l'armée coloniale, se nommait Bouziane. Il était connu dans la région de Biskra pour sa piété remarquable et surtout pour son opposition à toute forme d'occupation de son pays. Il s'était déjà illustré dans la résistance contre les envahisseurs turcs en menant, en 1833, une bataille victorieuse contre les troupes turques du Bey Ahmed de Constantine. Très au fait des desseins de l'armée française en ce qui concerne les régions non encore asservies, il savait que le colonel Canrobert avait réussi à enlever la région de Batna et que le colonel Carbuccia était sur le point d'entrer dans les oasis de Lichana et de Zaâtcha avec une armée de 1 000 à 1 200 hommes. Il organisa alors un soulèvement en invoquant le djihad. Cet homme, dont le courage n'avait d'égal que son intelligence, s'était préparé à un siège en règle et a tenté de rallier les tribus des Ziban. Les écrits et témoignages des soldats et officiers français qui ont vécu le siège de Zaâtcha disent que les manœuvres d'occupation ont été souvent mises en échec dans cette région et que la résistance y était plus acharnée que dans les grandes villes algériennes de l'époque. Les glorieux combattants des oasis des Ziban ont usé de tous les moyens, y compris les noyaux de dattes en guise de munitions pour les fusils, pour repousser les attaques ennemies. La lutte était sans merci pour les compagnons de Bouziane. Pour preuve de leur détermination à ne rien céder jusqu'au dernier moment, l'oasis de Zaâtcha a été entièrement dévastée. Hommes et femmes y périrent ne laissant derrière eux que le souvenir d'un peuple fier et inflexible.